samedi 30 avril 2011

Les bourses en action ou l'inverse [ billet à liens]

Lorsque j'habitais Paris, j'allais parfois bd Haussmann au siège de ma banque pour y déposer un chèque ou bien retirer un relevé. A l'entrée, il y avait  un hall  gigantesque dans lequel avait été aménagé un coin cosy : plante verte et canapé Chesterfield  qui faisait face à une écran géant où les chiffres de la bourses défilaient sous les regards intéressés de quelques pingouins de passage.

A chaque fois que je m'y rendais , j'examinais la faune qui s'attardait dans cet endroit et je me suis rendu compte que la plupart d'entre-eux possédait  des caractéristiques communes : c'était le prototype même du petit porteur en bourse. Petit, comme son nom l'indique, le ouin-ouin se donne des faux airs d'actionnaire rupinos avec son supplément éco de France-soir dont les caractères chauffés lui tâchent  les aisselles d'une chemise à carreaux froissée trop longtemps portée.

Oui, le petit porteur est un pauvre qui se la pète. C'est le profil typique du mec qui sous prétexte qu'il a acquis une dizaine d'actions d'une grosse société (sous la pression d'un conseiller bancaire cupide) se voudrait capitaliste et attend avec impatience de se rendre à l'assemblée générale des actionnaires, endimanché et muni de son carton d'invitation en portant ostensiblement un porte document en plastique offert par la boîte. Il croit détenir un pouvoir magique qui lui confère la droit de se trouver au même endroit que les gros actionnaires (quelques dizaines de rangs plus loin quand même) pour lever haut la main et voter les augmentations du ticket d'entrée des administrateurs (jetons de présence) et accessoirement, d'avaliser sans  piger les décisions stratégiques pour le développement de la boîte.

Une fois par an, à la sortie de l'assemblée des actionnaires, le petit zinzouin regarde le monde du haut de son nuage et d'un air fier et conquérant se permet de compisser les passants innocents.

Le petit porteur est un peu la caution "populaire" du capitalisme et des libéraux. Lorsque les entreprises cotées en bourses décident des orientations stratégiques en direction d'une délocalisation ou bien de plans sociaux sensé amener un surcroît de rentabilité et faire monter les prix de l'action sur le marché, elles le font avec l'assentiment du petit gogo. La plupart d'entre-elles déploie une énergie considérable pour trouver les moyens de payer le moins d'impôts en France tout en réduisant leurs charges sociales. Ce manque à gagner est cruel pour les comptes sociaux et les caisses de retraites de ces mêmes gugusses qui croient que leurs  0,15 euros de dividendes par an, suffisent à justifier la destruction d'un système de retraite pour lequel ils ont cotisé durant toute une vie à l'usine ou au bureau et pourront s'offrir une retraite dorée à Biarritz.

Mais il faut laisser les gens à leurs rêves et leurs illusions. L'économie comme la politique sont des mondes féériques. On y comprend rien, mais c'est magnifique. On se laisse bercer par le discours rassurant et prometteur du politicien/courtier et on finit par acheter un paquet de promesses/titres. Ensuite,  arborant fièrement notre plume dans le cul, on va parader dans les halls/bistros en attendant les résultats.

4 commentaires:

  1. Bien vu, mais le monde des petits actionnaires ne suffit pas à faire l'électorat de droite. Il y a aussi beaucoup de gens encore plus minus et plus fauchés qui votent à droite !

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  2. Je connais des gens de gauche qui n'ont pas résisté aux sirènes du petit actionnariat. je pense que l'observation n'est pas uniquement dirigée vers les gens de droite.

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  3. Quelle cruauté, quelle justesse :-)

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  4. Merci, la cruauté est en effet dans ces petits actes malsains qui paraissent parfois bien négligeables mais ont un effet d'empoisonnement important dans notre société.

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