mardi 21 février 2012

Ben mon colon !

Maintenant que vous avez votre loi, vous pourrez  sans crainte montrer à tout le monde que vous nous aimez et nous, de pouvoir tranquillement continuer à vous discriminer et vous haïr. 

C'est en substance le message envoyé par la droite au Harkis et leurs enfants en faisant voter la pénalisation des injures à leur égard. 

Faut admettre que c'est subtil et qu'il faut avoir un esprit malade et tordu comme le mien pour en ressentir cette nuance, cet étrange syndrome d'Helsinki qui lie les Harkis à la droite et l'extrême droite française.

Pauvre Harkis ! Se retrouver ainsi doublement châtiés par l'histoire et finir encore en 2012 comme des chiens dans un jeu de quilles (ceci est juste une expression et non une insulte), devenir un petit enjeu électoraliste et otages, le temps d'une campagne.

Doublement sanctionnés, d'une part car jusqu'à aujourd'hui, les autorités algériennes n'ont pas passé l'éponge et offert des bras chaleureux et accueillants à ces frères encore dans la douleur. Il est vrai que le mythe des héros anciens subsiste encore là-bas et constitue le socle sur lequel s'élève encore un pouvoir militaire indigne, corrompu et réactionnaire. La misère et la pauvreté aidant, on fait radeau de tout ce qui flotte. 

D'autre part, le mépris et la discrimination subis depuis 1962 par ces personnes qui ont échangé le destin d'une mort certaine en Algérie à celle d'une vie au ban de la société blanche de France. Ils ont eu droit au catalogue habituel, voyez plutôt : physiquement semblables pour le commun des gaulois, il ont subi le même traitement que leurs cousins arabes immigrés, bien qu'eux-mêmes pouvaient alors brandir leur nationalité française sous le nez du flic qui les contrôlait et qui s'apprêtait à les jeter dans la seine au moindre mouvement. Ils ont été parqués loin de villes où ils ne trouvaient du travail que dans l'agriculture maraîchère et la petite industrie ... toujours pauvres et sans droits. Malgré tout, ils ont gardé courage et donné des prénoms français à leurs enfants, se disant qu'ainsi ils pourraient avoir de meilleures chances dans la vie par cette intégration patronymique. Mais nous sommes en 2012 et quelles personnalités pour quels rôles  et quelle situation sociale pour les Harkis et leurs descendants ? Sont-ils mieux lotis que le reste de la dite-diversité en France ? Sont-ils plus représentés dans la vie politique, économique, médiatique ... ont-ils une meilleurs visibilité que les noirs, les arabes, les asiatiques dans ce pays ? La réponse est évidemment non !

Le problème n'est pas là car le malaise de la société française est bien plus profond.

La droite française et l'élite ne veut et ne peut pas accepter l'égalité entre tous les français quelque en soit l'origine. Les politiciens de droite dépensent  leur temps et leur énergie à stigmatiser et à désigner l'autre comme l’éternel étranger, le différent. Le réduire à l'état de délinquant, de profiteur, de fraudeur, de mal intégré, d'usurpateur , d'envahisseur, de voleur. L'autre n'est pas français malgré sa carte d'identité, même si son prénom est francisé, même si il est diplômé et instruit. 

Chirac parlait de bruit et d'odeur, son fils Sarkozy parle d'identité, de civilisation et de valeurs. En dix ans, nous sommes passés de Dupont Lajoie à celle de Ducon Lafoi.

Ce malaise français se traduit de plus en plus fort en périodes de campagne car c'est là que toutes les demandes se cristallisent, que toutes les revendications se font. Pourtant la choix est simple et la seule réponse possible c'est le vote. La revendication catégorielle ne vaut qu'un temps et n'apporte aucune solution durable. Il faut savoir où est l'ennemi, le vrai. Celui qui empêche les pages de l'histoire de se tourner. Celui qui empêche les gens d'avancer. Car personne ne peut interdire à Jeannette, Ali, Tong ou Aminatou d'aller voter le 21 Avril prochain et donner un coup de pied au cul à ses crétins qui se croient encore à l'époque des colonies.

Qu'ils dégagent !


5 commentaires:

  1. Le seul qui a essayé de démontrer aux Harkis, à Montpellier, que leur intérêt n'était pas à droite c'est Georges Frêche dont on n'a retenu que le malencontreux "sous-hommes" sorti d'un contexte qui paraissait correct.

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  2. Beau plaidoyer pour ces gens qui ont tout perdu.

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  3. L'attitude la France vis-à-vis des harkis reste une indignité totale (et quels qu'aient été les gouvernements successifs de celle-ci…) Mais la politique de notre pays ayant toujours été scandaleusement pro-arabe (toujours quels que soient les gouvernements), il ne fallait pas risquer de froisser nos “amis” algériens, tunisiens, etc.

    Quant aux fait que les harkis soient généralement plus proches de la droite et de l'extrême droite, c'est peut-être parce qu'ils se souviennent que, voilà un demi-siècle, la gauche et surtout l'extrême gauche mangeaient dans la main du FLN. (À part Mollet et Mitterrand qui avaient autorisé la torture à l'encontre de ses membres.)

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  4. Solveig, oui et encore l’énergumène n'était connu pour sa finesse. Je ne sais pas ce qu'il avait essayé de montrer, mais il y avait d'autres façons pour le faire.

    Pow, merci.

    Didier, tu ne peux pas affranchir la société française d'un simple petit trait en invoquant une supposée politique arabe, c'est trop facile et c'est inexact.

    Pour le reste, les forces en présence à cette époque se menaient une guerre, et chacun avait choisi son camp consciemment ou pas. La droite française a trahi ces gens en les abandonnant, quelques uns en Algérie et la majorité en France. Certes la gauche s'était alliée avec le FLN, mais ce n'est ni le FLN ni la gauche qui avait promis et garanti la sécurité de ces gens et ils le savaient bien.
    Mais ce n'est pas le sujet.

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  5. DEVOIR DE MEMOIRE

    hocine le combat d'une vie par croaclub

    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news

    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l¹époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l¹Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat

    Et pour compléter le documentaire, réécoutez sur SUD RADIO, « podcasts » l'émission du 8/11/11, de Karim Hacene, Enquêtes et Investigations, sur les harkis le camp de saint maurice l'ardoise

    Sur radio-alpes.net, Infos Générales - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13)

    Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

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