Pauvres révolutions arabes ! On a longtemps cru et espéré que le scénario inévitable du face à face barbus contre militaires n'arriverait pas, mais faut croire que cette fatalité colle à ces pays comme une merde de chien malade aux semelles d'un chasseur saoul.
Le schéma algérien de la fin des 80's est entrain de se dérouler à la virgule près en Tunisie et en Égypte ... en attendant la Syrie.
A l'époque, le pouvoir algérien tenu depuis l'indépendance par les riants généraux avait ouvert le pays au multipartisme sous la pression de la rue (suite aux émeutes du pain) sans prendre le soin de déterminer un périmètre de l'exercice politique en dehors des considérations religieuses. Mal lui en avait pris, car les intégristes les fous de dieu ont commencé à gagner toutes les élections, sans exception. Une fois au pied du mur législatif qui allait mettre en place un gouvernement de barbus pur poils jus, la machine démocratique s'est enrayée et les élections invalidées.
S'en suivirent dix années de terreur indicible : massacres et destruction systématique d'une société déjà moribonde par un exode rural monstrueux. La suite ... vous la connaissez.
S'en suivirent dix années de terreur indicible : massacres et destruction systématique d'une société déjà moribonde par un exode rural monstrueux. La suite ... vous la connaissez.
Comment choisir entre peste et choléra ?
Je finis par croire que c'est la fatalité de la rue arabe que de vouloir absolument porter à sa tête des tyrans. Une troisième voie semble inexistante dans ces pays minés par la corruption et la misère.
L'interdiction de la projection de Persépolis puis l'attaque violente qu'ont subie récemment les organisateurs d'une expo d'art moderne à Tunis par des islamistes est le révélateur que leur emprise se renforce et que la répression ne fait que commencer. C'est toujours comme ça que tout démarre. En Algérie, ils ont commencé par assassiner les artistes et interdire le théâtre et la musique. Ensuite, ils se sont mis à tirer les journalistes comme des lapins. Même cause, mêmes effets.
En Egypte, la révolution anti-Moubarak se solde aussi par un échec démocratique et humain majeurs, une alternative complètement démente : militaires ou bien barbus. La société de ce pays étant depuis des lustres sous l'emprise des frères musulmans penchera forcément du côté religieux.
Alors : militaires ou barbus ?
Du point de vue de la droite occidentale, les deux perspectives sont bonnes à prendre : les barbus en justifiant ainsi le soi-disant choc des civilisations et l'émergence d'un nouveau bloc idéologique ennemi. De l'autre, un bon pouvoir militarisé friand d'armement et généreux distributeur de billets de banque.
Tout cela avec la bénédiction de l'Arabie saoudite décidée à en finir un fois pour toutes avec ces régimes post-coloniaux arabes ainsi que les derniers bastions Chiites. Elle rêve de les remplacer par un pouvoir religieux affidé qui devra lui rendre des comptes en tant que centre de rayonnement religieux sunnite et seule autorité reconnue dans le monde islamique. Un retour aux sources, aux terres originelles de l'Islam.
Salafistes venant du terme salaf qui désigne les aïeux, les origines.
La démocratie dans les pays arabes n'est pas pour demain et aucune force au monde ne montre une réelle volonté de venir en aide à ces citoyens perdus au milieu de ce champ de tir. Avec la perspective de conflits plus vastes.
Les incendiaires sont connus. Ils financent ouvertement les mouvements terroristes avec la manne pétrolière tranquillement à l'abri du secret bancaire. Il serait encore temps de les neutraliser, le monde libre en a les moyens ... il faudra des hommes et des femmes de grande volonté pour engager le processus inverse.
Le changement pour un nouveau rapport de force mondial c'est aussi maintenant !
C'est compliqué.
RépondreSupprimerOn ne peut pas faire le bonheur des gens malgré eux et je crois qu'il faut des dizaines d'années pour établir une démocratie qui tienne vaguement la route.
Comme tu dis, il faudrait une volonté de démocratie ...à moins que finalement , la démocratie pour eux c'est choisir librement d'être gouvernés par des cons.
SupprimerTu sais, c'est long et compliqué, regarde il y a encore 5 ans, ici aussi on faisait démocratiquement le choix d'être gouverné par des gens peux recommandables ;) . la démocratie va doucement, mais elle va, c'est déjà çà.
RépondreSupprimerOui. Reste que nos états ont défini un périmètre assez hermétique pour que la violence ne prenne pas le pas sur le droit. Même si la droite est peu recommandable pour nous gauchistes elle continue néanmoins à s'inscrire dans la république (pour le moment) :)
SupprimerBelle analyse qu'on aimerait lire ou entendre un peu plus souvent...Fatalisme, poids de la tradition, mais aussi corruption et misère, qui ne sont que la conséquence de la colonisation et de l'existence d'un néocolonialisme, semblent profondément ancrés chez ces peuples.
RépondreSupprimerEt pourtant, lors d'un récent séjour à Alger, j'ai pu mesurer le sens de l'accueil, la chaleur des relations humaines et aussi l'humour très particulier du "petit peuple" algérois. Mais j'ai aussi ressenti comme une chape de plomb qui survolait la ville...
Ce n'est pas facile à analyser et à comprendre avec nos yeux d'occidentaux et avec nos yeux d'anciens colonisateurs...
Le petit peuple est individuellement chaleureux et accueillant. La foule est hostile et nerveuse. D'accord pour parler colonialisme mais ce n'est qu'une partie. Les droites néo-con ont inventé le concept de guerre de civilisation qui a l'air d'arranger beaucoup de monde et ce n'est pas normal.
SupprimerEn substance : "militaires ou barbus ? pour la droite occidentale les deux sont bons à prendre".
RépondreSupprimerSont cons à la droite occidentale.
Mais c'est qui la droite occidentale ? Juste pour savoir si je suis dans le lot.
Et sinon, elle préfère quoi la gauche occidentale ?
Normalement, une personne de gauche ne soutient ni un camp ni l'autre dans les faits. En tant que gauchiste, je privilégie l'humain et le progrès et je conchie les religieux et les militaires ... j'ai bon ?
SupprimerJe ne sais pas dire si t'as bon, étant moi même plus partisan de l'humain et du progrès que de l'inverse. Me voilà presque gauchiste dis donc !
SupprimerAprès pour en revenir à ton billet la question est d'autant plus complexe que nous l'observons avec des yeux d'occidentaux éduqués dans des démocraties modernes (et déjà anciennes). Ce qui nous paraît "naturel", la philosophie des Lumières, l'aspiration démocratique, n'est pas nécessairement une aspiration universelle.
Le sera t'elle un jour ? Ne se prononce pas.
Le monde est bien arrivé à se mondialiser autour de belles saloperies, pourquoi ne s'agrégerait-il pas autour de concepts qu'on croit occidentaux alors qu'ils sont simplement humains. Sachons exporter autre chose que de la merde.
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