lundi 16 août 2010

Le bouc émissaire s'en va.

Rue 89 a publié la lettre de Mohamed, jeune marocain de 25 ans vivant en France et ingénieur. Il fait part de sa décision de rentrer au Maroc car pour lui, la France devient invivable pour les personnes dont le faciès et le nom de famille trahissent les origines étrangères. Il dénonce l'atmosphère de racisme banalisé et le climat pourri entretenu par l'exécutif UMP au pouvoir.

Il faut rappeler que l'auteur de ce témoignage n'est pas détenteur de la double nationalité, que c'est un marocain qui a décidé de rester en France suite à ses études car il s'y est senti bien intégré. Il exerce un métier assez bien rémunéré et se considère faisant partie de la classe moyenne. De plus, il explique que son choix de rester en France fût dicté par la nécessité pour lui, d'échapper au poids de la coutume et de la religion au Maroc et l'offre culturelle limitée dans ce pays. Il dit avoir cru pouvoir vivre son agnosticisme et son envie de liberté et de culture dans un pays réputé historiquement à l'origine de ces principes.

Enfin, il justifie également sa dernière décision de départ en évoquant les récents progrès économiques du Maroc et l'ouverture de ce pays aux autres cultures. Il pense qu'en tant qu'ingénieur, il trouvera sa place dans le train en marche vers progrès de son pays et qu'il se sentira moins sensible à la pression religieuse exercée sur les citoyens marocains non pratiquants.

Bien que ses arguments paraissent valables, j'ai quand même ressenti de la tristesse et du dépit dans les propos de ce garçon. Nulle animosité en tout cas, n'émane du triste état des lieux qu'il établit dans sa lettre. Une sorte de bouteille à la mer, un S.O.S.

Mohamed a tout à fait le droit d'aller vivre où bon lui semble, cependant, son cas soulève un problème symptomatique de la gestion des flux migratoires dans notre pays. Je lisais récemment sur un blog, une pertinente évocation des années soixante-dix, décennie porteuse de tous les espoirs, de toutes les illusions et de pas mal d'erreurs. Déjà on faisait de l'immigration choisie sans le dire en choisissant méticuleusement ceux qui feront tourner les chaînes de montage à Billancourt et qui iront cueillir les fraises sous les serres surchauffées de Carpentras.

La lecture de cette lettre-témoignage a provoqué toute sorte de réactions et on imagine les pires. J'encourage à aller le lire pour se faire son idée. Quant à moi, il me conforte dans l'idée que les errances actuelles sont le résultat d'une politique d'immigration et d'intégration défaillante voulue par la droite depuis Pompidou pour instaurer un climat particulier. Un rapport entretenu savamment par les autorités pour maintenir une tension entre les populations présentes et arrivantes. Cette politique permanente du bouc émissaire, recette éprouvée, efficace et bien utile pour la droite en campagne électorale.

Le mirage de l'immigration choisie a été présenté comme la panacée au début de ce quinquennat catastrophique. Mais le résultat de cette politique contraignante et humiliante pour les demandeurs en a découragé plus d'un. Les offres de contrées bien plus accueillantes en ont décidé d'autres et ont réduit à néant cette prétentieuse initiative. Cette droite n'a certainement aucune envie de régler les soi-disant problèmes liés à l'immigration car c'est un élément essentiel pour sa propre survie, aussi sommes-nous en France condamnés à toujours faire appel à de la main d'œuvre sous-qualifiée que l'on n'intégrera jamais en tant que citoyens à part entière, expulsable à l'envi, ne pouvant prétendre à aucun droit et surtout aisément reconnaissable dans la rue pour être plus facilement jetée en pâture aux chiens enragés.

3 commentaires:

  1. J'ai oublié de prévenir que j'ai une tolérance zéro pour tout commentaire discourtois envers quiconque.

    RépondreSupprimer
  2. Très bon billet Captain, j'aime ta vision politique et le ton de tes billets, t'as les yeux bien ouverts. Bravo!

    RépondreSupprimer

Bienvenue sur le rafiot. Je n'ai aucune tolérance pour les commentaires : injurieux, vulgaires ou racistes. Restez courtois envers les autres commentateurs et prenez un pseudo car les anonymes ne seront pas admis à bord.