Fait divers à l'Elysée

Après le président du pouvoir d'achat et de la croissance, voici venu le président du fait divers. En effet, jamais auparavant, nous n'avions vu un président aussi sensible au sort de victimes en tout genre. Il avait initié ce cycle compassionnel et médiatique avec la calamiteuse affaire des infirmières bulgares qui lui a fait une réputation internationale.  La suite vous la connaissez, à chaque fait divers, une apparition. A chaque apparition, un discours mâchoire crispée. A chaque discours, une loi est votée au parlement. Les lois s'empilent dans les tiroirs et les magistrats n'en peuvent plus. Résultat : rien.

Seulement il arrive que les faits se retournent par eux même contre celui qui voulaient en tirer profit et les supposées victimes n'étaient pas si innocentes que cela, en témoigne les dernières révélations autour de l'affaire Laetitia. Les parents d'adoption avaient été ostensiblement reçus à l'Elysée et il se trouve maintenant que le père est fortement soupçonné de viol sur les filles qu'il recueillait chez lui. Autrement dit : notre bon président dans son empressement habituel, a omis la moindre des précautions qui est celle de s'assurer de la blancheur Persil de ses victimes propagandaires.

Je tombe ahuri sur cet article qui à l'air d'incriminer fortement le conseil général de Loire-Atlantique de ne pas avoir suffisamment enquêté sur le gugusse à la suite de soupçons contre lui. Et le plus inquiétant, est qu'il pointe du doigt, peut-être inconsciemment, le manque de professionnalisme et de sérieux chez le locataire de  l'Elysée : 

"Mais selon Le Parisien , le profil de Gilles Patron avait, dès le début de l’enquête sur la mort de Laëtitia, intrigué les enquêteurs. Une note aurait même été envoyée à l’Elysée, quelques jours avant la rencontre de Gilles Patron avec Nicolas Sarkozy, pour faire part de "doutes" sur sa personnalité. Selon une source judiciaire, "il n’y avait rien de probant, mais des éléments recueillis sur place hors procédure nous laissaient perplexes"."

Sans la moindre précaution préalable et faisant fi d'une note précédant sa visite à l'Elysée dans laquelle les enquêteurs exprimaient un doute sur la sincérité de Gilles Patron, les services de la présidence ont laissé la rencontre se dérouler.  Rien n'est assez beau pour fabriquer de belles images d'un président qui veut montrer qu'il est proche des gens et surtout des victimes.

Sans doute savaient-il déjà qu'ils ne couraient aucun risque réel, à part peut être celui de se couvrir de ridicule une fois de plus. Mais à cela, nous sommes habitués maintenant.