samedi 17 septembre 2011

Libye : les raisons du preum's de Sarkozy

Il ne faudrait pas que les socialistes se mettent à croire que le déplacement éclair en Libye du président était mû par l'intention de leur gâcher le premier débat entre candidats à la primaire. De toutes les façons, Cameron ne aurait jamais emboîté le pas pour des raisons aussi franco-françaises et puis cela aurait constitué un risque médiatique qu'il ne pouvait se permettre de prendre (il y eut quand même 5 millions de spectateurs pour l'émission de Pujadas jeudi soir).  

L'affaire est bien plus compliquée que cela.

Alors qu'est-ce qui a bien pu motiver un tel déplacement éclair qui pourrait paraître bâclé au regard de l'importance de l'événement ? Certains journalistes présents (i Télé)ont rapporté que l'accueil avait été presque improvisé (une marseillaise entonnée par un pc portable avec deux minables baffles) , les agents de sécurité étaient presque aussi nombreux que la foule évaluée à deux mille personnes seulement alors qu'on sait que la place pourrait en accueillir quarante fois plus. Certes, la présence des deux dirigeants occidentaux n'est pas passée inaperçue, loin de là, mais cela aurait pu être organisé de façon moins précipitée vu l'enjeu.

La réponse est à chercher dans l'arrivée à Tripoli du premier ministre Turc prévue pour le lendemain vendredi. 

Sarkozy, toujours fidèle à ses travers d'homme agité et pressé et qui ne porte pas beaucoup la Turquie dans son cœur a cru bon de damer le pion à Erdogan. Il voulait absolument montrer aux libyens et au monde que la France devait être considérée comme le premier partenaire de ce nouveau pays et établir ainsi un rapport de force avec la Turquie dans la région en sa qualité de libérateur guerrier.

Les médias français n'en ont pas beaucoup parlé mais la Turquie a été très active pendant la guerre en Libye en fournissant armes, soutien logistique et financier aux rebelles. De plus, Erdogan finissait une grande tournée dans les pays arabes libérés pour étendre sa zone d'influence dans cette partie de la Méditerranée. Ainsi, on pourrait facilement déduire que la Turquie aimerait devenir le partenaire privilégié des révolutions arabes aidée en cela par : le refus de l'union européenne (spécialement France et Allemagne) de la compter parmi ses membres, de son fort taux de croissance et de sa vitalité économique et enfin par l'exemple de démocratie bâtie sur des principes islamiques qu'elle représente pour ces pays qui sont à reconstruire politiquement et idéologiquement.

Erdogan fut accueilli à sa descente d'avion par le chef du CNT et a rejoint le groupe pour la grande prière du vendredi. Sarkozy et Cameron ne pouvaient certes pas communier avec les libyens  dans une mosquée, mais pour parler des peuples arabes et de leur courage, n'aurait-il pas fallu aller à Tunis et au Caire depuis le temps maintenant que ces deux capitales ont été libérées de leurs dictateurs ?


4 commentaires:

  1. On peut ranger Erdogan à l'extrême droite turque. C'est un islamiste anti-laïque.
    Il est en compétition avec "Les Frères Musulmans" égyptiens, mais pour moi, c'est uniquement un enjeu de domination du Moyen Orient et non une divergence idéologique : mon opinion est que les uns et les autres sont l'extrême droite et constituent une lourde menace pour les "printemps arabes".

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  2. Apolline, Erdogan et son parti sont clairement d'inspiration islamiste et en forte rivalité avec les frères musulmans (l'histoire en témoigne), ils constituent une menace pour les printemps arabes certes, mais le modèle social turc aux yeux de l'opinion arabe a réussi à concilier religion et progrès . Il serait stupide de penser qu'ils adhèreront à un modèle démocratique occidental juste parce qu'on les as aidés à se débarrasser de Kadafi. Bush avait déjà essayé en Irak ...avec le succès qu'on connaît.

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  3. J'ignorais l'appui de la Turquie.

    Je pensais que c'était la France qui avait libéré la Libye.

    J'écris des bêtises. Je pensais que c'était Sarkozy qui avait libéré la Libye.

    Pour une fois qu'il fait quelque chose, faut encore que je le critique !

    Sarkozy : "Si j'avais su, je serais pas venu !"

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  4. Mtislav, "...et on s'est rendus compte que le monde continuait à tourner sans nous ..." C'"est un peu ça.

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