jeudi 17 novembre 2011

Nucléaire : un drame français

La plupart des pays européens ont annoncé, suite à la catastrophe de Fukushima, leur intention de faire baisser la part du nucléaire dans leur approvisionnement énergétique. Ils ont clairement annoncé qu'il allaient progressivement abandonner le nucléaire à plus ou moins brève échéance. 

En France le débat n'a pas eu lieu en son temps et maintenant qu'il a fait irruption sur la scène politique,  il est devenu un prétexte à l'invective, aux quolibets, aux mensonges et à tous les coups bas.

Faut dire que c'est un peu la coutume dans nos contrées gauloises : on tait les grands sujets et on les laisse macérer. Avec le temps, les rancœurs finissent par déborder et  éclaboussent tout ce qu'il y a autour . A la sortie on n'obtient rien : aucun règlement de la question, aucune progression sinon une régression et un renforcement de la méfiance et de la défiance des uns vis-à-vis des autres. 

C'est toujours le cas pour les sujets sensibles qui touchent l'identité du pays.  Ainsi on attend toujours deux siècles pour instaurer un jour de l'esclavage et on devra patienter jusqu'à 2056 pour que l'état français déclare officiellement que la guerre d'Algérie n'était pas juste une opération de maintien de l'ordre. On jugera les politiciens indélicats à l'âge de 95 ans et les préfets collabos seront quand même enterrés avec leur décoration nationale etc ... Bref.

Logiquement, le politique ne doit s'emparer du débat sur le nucléaire qu'après de longues discussions et une large confrontation des points de vue de toutes les personne impliquées dans le sujet. Il n'intervient  que pour  faire la synthèse, évaluer les résultats et leur compatibilité avec les exigences de la république et l'intérêt des citoyens et enfin seulement,  il décide. Nous on fait l'exact contraire : on laisse des politiques ignorants débattre à coups de gourdin populiste, électoraliste et calculateur pour donner l'illusion du débat juste pour remettre le couvercle sur la marmite en ayant la conscience tranquille.

Un enterrement de première classe est entrain d'être offert au débat sur le nucléaire en France.

Que les socialistes et les écologistes se heurtent à ce sujet est de bonne guerre. Il est absurde d'affirmer et faire croire comme disent les aboyeurs UMP que les uns et les autres veulent casser l'industrie française, mettre les travailleurs de ce secteur au chômage et redémarrer les centrales au charbon . C'est de la pure mauvaise foi et un déni de démocratie. La droite croit qu'elle détient un je ne sais quel monopole de l'amour du pays et de patriotardisme primaire alors qu'elle ne fait que répéter en boucle le discours des lobbies du nucléaire sans distinction ni nuance. Elle s'est engouffrée dans la brèche des désaccords EELV/PS uniquement par dépit et faute de programme. A moins qu'elle ne considère la taxation des salariés malades comme un programme présidentiel crédible.

Oui, parlons-en du nucléaire ! Débattons-en ! Quitte à se fâcher pour quelques parachutages électoraux ...et alors ? La droite en a parachuté pour des causes bien moins honorables et moins importantes.

En privant le journal économique "La tribune" de rentrées publicitaire importantes, le patron d'EDF, le très colérique et tellement sarko-compatible Proglio,  a joint le geste à la parole et nous démontre une fois encore que cette clique est vraiment prête à tout pour préserver son pré-carré. Une mesure de rétorsion financière contre un canard économique qui a eu le tort d'évoquer l'éventualité envisagée par EDF d'abandonner le projet EPR. 

Cette information aurait,  aux yeux du sanguin,  le fâcheux inconvénient de donner raison aux détracteurs du projet par la bouche même d'experts maison, ce qui jetterait un puissant discrédit  sur les gesticulations odieuses de la droite. Proglio met les pieds dans le plat en sanctionnant le journal en tirant ouvertement sur le nerf de la guerre. Il use d'un droit assez étrange à la censure journalistique et abuse de sa position car faut-il le rappeler, EDF reste une compagnie qui appartient à l'état français et toute décision de cet ordre engage la France. Si EDF se sent diffamée, il existe des voies légales et des tribunaux pour trancher. Nous sommes en république et la presse use de son droit à informer.

En plus, quel signal donné aux autres annonceurs ! Les entreprises privées reçoivent de surcroît un double blanc seing pour étrangler les journaux qui osent émettre la moindre critique en les privant de recettes publicitaires. La liberté de la presse n'est pas compatible avec l'économie de marché.

La question du nucléaire mérite d'être débattue d'autant plus qu'on sait maintenant qu'elle rend extrêmement nerveux le patron d'EDF fervent défenseur du nucléaire. Son projet EPR est économiquement parlant, plus proche du ratage industriel que du succès international, à cause de tous les incidents qui conduisent à des retards conséquents ainsi que des dépassements substantiels des budgets prévus. N'importe quel économiste stagiaire vous dira que tout autre capotage industriel aurait été vite abandonné pour s'épargner des pertes colossales à venir. 

Mais à présent, les partenaires mondiaux le savent et Proglio ne peut pas menacer la presse internationale entière ! En Inde et à Dubaï  ils n'en ont rien à cirer de la publicité Bleu Ciel !

3 commentaires:

  1. Suggestions de sujets sensibles :

    - l'esclavage musulman ou africain

    - les discriminations du code du statut personnel algérien.

    - le déserteur Maurice Thorez gracié par De Gaulle ou Jean Paul Sartre qui obtient le poste de titulaire d'un professeur juif exclu en application des lois antisémites de Vichy.

    Etc,etc.....

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  2. Grekov, oui on en reparlera sans passion certainement dans 175 ans.

    Mais je confirme que le squelette de Papon porte toujours la légion d'honneur là où il est.

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  3. 175 ans de censure : hommage sincère à la Vérité qu'on ne peut contester.

    La légion d'honneur disparaîtra comme tout le reste pour ne laisser que l'essentiel : la condamnation pour complicité de crime contre l'humanité.

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