Villepinte en rouge sang

Moi vous me connaissez, j'adore les salons où l'on expose. Agriculteurs venus polluer l'air pur de la capitale avec l'odeur de bouse de leurs bestioles incontinentes et dealers de bagnoles rutilantes avec l'inévitable longue file d'attente pour saisir l'unique occasion de se faire photographier par maman au volant d'un bolide de rêve.

Il existe un autre salon qui a au moins le mérite de présenter ses produits sans les habituelles pouffes au gros nichons en plastique qui montrent leur petite culottes pour exciter le chaland. 

Car dans ce salon, le chaland est déjà excité ... par la perspective de la vue du sang d'autrui. Je veux parler du salon d'armement Eurosatory.

Ce marché de la honte se tient chaque année à quelques encablures de Paris, capitale de la patrie des droits de l'homme et ville lumière.

On n'y trouve que des professionnels du meurtre assisté et légalisé. Le reportage nous précise que les plus gros fournisseurs sont russes et les plus gros acheteurs les bahreïnis : que des démocraties exemplaires ! Ce supermarché compte parmi ses prestigieux clients et destinataires toutes une tripotée de dictateurs tueurs d'enfants à l'image du riant raïs de Syrie.  Évidement, tout se fait sous le couvert de secret d'état et de secret-défense et par l'entremise de sulfureux intermédiaires histoire de garder les mains propres et la tête haute, au cas où.

Parfois même, certaines transactions font l'objet de grosses commissions et rétro-commissions qui peuvent tourner au scandale d'état ... mais rassurez-vous, jamais dans nos contrées civilisées et démocratiques.

Bref, sous couvert d'une je-ne-sais quelle question d'emplois et de compétitivité et pour quelques minables points de balance commerciale, le monde libre continue à fournir les armes qui, un jour, se retourneront contre des innocents ... voire contre lui- même . 

Nous armons des hordes de pouilleux et d'ignorants car ils ont le cash dont on a besoin pour payer notre couteux et grotesque petit mode de vie de nantis. 

La libération à grand spectacle de la Libye où nous avons déversé des tonnes d'armes qui sont restées introuvables par la suite,  a permis la constitution de petites armées qui  déferlent aujourd'hui dans le Sahel. Elles sèment la ruine et la désolation dans ces pays déjà fragilisés par la pauvreté. Une nouvelle forme de coopération cynique et la preuve supplémentaire s'il en fallait une, que nous avons toujours armé les fondamentalistes religieux et les islamistes  partout dans le monde. 

On peut comprendre ensuite pourquoi les idéologies d'extrême-droite animées par le sentiment anti-musulman prospèrent et trouvent un écho favorable en Europe : les fachos sont interdépendants et se nourrissent les uns les autres. Ils arment les ennemis de la démocratie et proposent d'enfermer les citoyens dans la peur avec leur discours protectionniste et xénophobe. 

La boucle est bouclée.