Huster : du théâtre au téléachat

Ce matin en allant au travail, j'ai failli écraser mon premier cycliste de la semaine sur la route en écoutant ma radio. 

Sache lecteur rare mais de qualité que le taulier de ce blog habite la Drôme sud (celle qui adhère*) et que je prend une route qui longe le mont Ventoux pour aller bosser. Pas de quoi se plaindre me diras-tu ô ignorant du nord, paysage majestueux, matins de rosée parfumée au genêt, lavandes et tilleuls en fleurs qui font vrombir d'excitation des millions d'abeilles que toi, sur ton périphérique pourri tu appelles "bestioles auxquelles je suis allergique" comme un bon millier d'autres choses mon con. Mais passons ! Les cyclistes sont la plaie de nos routes surtout en ces prémices de tour de France. Mon beauf en vacances a flambé tout le pognon laborieusement économisé pour payer une nouvelle paire de seins en plastique à madame en équipement high-tech : casque alvéolé, vélo 86 vitesses, pompes à clous et tenue dernier cri. Il se retrouve en troupeau avec les collègues de bureau à ahaner péniblement sur les routes contrefortant le mont, allongeant ainsi les files d'attente des honnêtes artisans encore bourrés de l'apéro de la veille sur les routes, pressés d'effectuer du bricolage surtarifé dans les résidences secondaires de parigots friqués. Cyclistes errants comme des clébards fous à la recherche du temps et de la santé perdus et qui récoltent moultes insultes en patois local dont un bon "connards" de ma part en tant qu'ancien parigot. Que voulez-vous, on se refait pas.

Donc ce matin, j'allais emplâtrer mon premier derche jaune en écoutant Francis Huster sur France Inter. Francis tout bouleversé et venu au micro pour fourguer son dernier livre qui cause opportunément de football en ces périodes brésiliennes. Fièvreux et charabiant sans interruption, le comédien-VRP s'est dit solidaire du mouvement des intermittents du spectacle parce que "sans eux bla bla bla... et c'est notre combat, et je dis "notre" parce que j'estime que j'en fais partie bla bla bla, oui oui parfaitement." Quoi ? Francis Huster un intermittent du spectacle précaire ? Pincez-moi je rêve ! Attention les gnous à bicyclette poussez-vous, je contrôle plus ! 

J'ai du mal à croire que Francis ait des soucis de fin de mois et je m'en réjouis pour lui. Mais il faut arrêter de dire n'importe quoi sous prétexte de paraître sympa pour vendre son bouquin. Je comprends bien que les spectacles dont il est la star qui,  point de vue salaire pompe la plus grosse partie de la gâche, ne peut se passer des petites mains, des techniciens, éclairagistes, costumiers etc... tous ces gens payés au lance-pierre qui font que Francis peut briller sur scène et déclamer ses conneries. S'il est aussi solidaire, c'est par nécessité, sinon il filerait une partie de ses gains aux intermiteux.

Francis devient aussi expert en football et se permet au passage de chier un bon coup sur le gouvernement comme il est de mode en ce moment. Alors, les commentaires de zinc vont bon train : oui il faut au pays un patron, tout comme l'équipe de France. Un homme fort qui a des couilles pour mener les troupes vers la victoire etc... C'est toujours l'intello qui va au foot, jamais le contraire. Faire peuple c'est aimer les loisirs du peuple... du moins le temps de la sortie d'un livre. Ensuite la routine pénible, vacances en Corse, restaurant dans le Lubéron et voilier jusqu'en Sardaigne reprend son cours. Dur dur.

On comprend tout de suite mieux pourquoi les grandes stars et les mairies des villes de festivals deviennent tout à coup solidaires : l'été approche.

* jeu de mots foireux déjà utilisé ici