Je déteste être enfermé.
Mais je ne ferai pas de journal de
confinement, je ne conseillerai pas de lectures, je ne partagerai pas
de liens de trucs drôles, sketches ou bien concerts à la maison
d'artistes à la con, ni de pétitions, ni de chansons. Je n'aime pas
regarder les séries, je ne suis abonné à aucune chaîne. Je hais
les one man/woman show et les comiques. Les recettes de cuisine, les
conseils du chef. La philo et la sociologie d'opportunité. Je hais
les psys de comptoir qui nous expliquent que ceci, cela. J'emmerde
les proctologues du développement personnel, du zen et du retour en
soi. Je n'aime pas les prophètes de malheur, ceux qui ont tout
prédit. Ceux qui disent que c'est la vengeance de la nature, les
faux écolos de mes fesses. Je hais les complotistes, les anti-tout,
les spécialistes en tout. Je conchie les collapsologues,
collectionneurs de rouleaux de PQ et de boîtes de petits-pois. Les
branlouilleurs d'apocalypse. Je ne relaye pas les coups de gueules .
Les tribunes, je m'en tape. Monsieur, madame j'ai une opinion et je
vous l'assène sans permission. Je ne supporte pas l'impératif de
chier sa science. De couper la parole à l'autre. Je n'aime pas les
discours débilitants, infantilisants. Faut faire ci, faut pas faire
ça, autorisez vous à aller acheter votre baguette, lavez-vous les
mains, la bite, urbi et orbi. Je n'aime pas cette ambiance de
méfiance, la délation du voisinage des infirmiers puis les
applaudissements sur les balcons le soir : bravo ! Merci,
quelle joie d'être en taule chez soi ! J’abhorre cette
ambiance de trouille, de lâcheté, cette attente quotidienne de
notre dose macabre : combien de morts, combien de cas graves, à
qui le tour demain ? Après vous ! Je ne soutiens personne,
ni valeureux agriculteur, ni héroïque personnel de santé, ni la
sinistrée industrie du livre, ni celle, délaissée du spectacle, ni
ceux qui télé-travaillent, ni les courageux géniteurs qui
affrontent leurs sales gosses tous les jours, ni les gentilles
caissières, ni les éboueurs, ni les postiers, encore moins les
livreurs. J'ai à peine de quoi me soutenir moi-même. Je regarde
l'eau monter accroché à mon arbre. Je vois flotter les débris du
petit monde qui m'entoure, les cadavres gonflés de certitudes de
ceux qui ne doutent jamais. Je méprise les politiciens et les
religieux. Je déteste cette fin du monde au décor de cinoche de
série B. Que restera t-il de tout ça ? De l'ironie pour les
scribouillards de l'ennui, du mépris pour les tenanciers du marché
noir de la peur, de la suspicion et des rancœurs mal rotées, du
dépit et de la tristesse pour le temps perdu. Ces jours qui
manqueront au compteur.
Putain de compteur.
Très bon billet, ça sort du coeur...et optimiste avec ça. On retiendra naturellement lavez-vous les mains, la bite, urbi et orbi
RépondreSupprimerOptimiste ? où ça ?
RépondreSupprimernon pas vraiment...c'était du second degré. Le billet est vraiment bon.
Supprimermerci
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