lundi 10 janvier 2011

Tunisie, Algérie : même combat ?

L'histoire a bon dos et parfois ne justifie pas entièrement les événements du présent. 

Ainsi se plaît-on à dire que les troubles qui surviennent en Algérie et en Tunisie sont de même nature et qu'il  y a un effet d'entraînement. 

N'étant pas expert en la matière mais ayant un tropisme pour l'Afrique du nord en particulier, j'estime que les deux événements ne peuvent être traités de la même manière, il suffit juste d'observer le fonctionnement de chaque pays.

En Algérie la détresse sociale est particulièrement visible et présente un visage de misère inouï pour un pays qui se vante de détenir plus d'une centaine de milliards de dollars de rente pétrolière et gazière. De plus,  aucune revendication politique ne perce derrière ces émeutes. Internet n'est pas filtré, aucun parti n'est interdit de manifestation ni aucun opposant politique emprisonné. Le pouvoir en place apprivoise l'opposition et détient le levier de l'argent pour calmer des foules uniquement soucieuses de parer aux besoins fondamentaux : soigner et nourrir ses enfants !

Il suffit donc de baisser les taxes sur l'huile et la farine pour que tout rentre dans l'ordre.

Le régime Algérien n'a pas changé de méthodes depuis le parti unique de Boumédiene. D'autant plus que l'on aperçoit parfaitement pointer les képis des généraux derrière ce président certes civil mais qui est reste une figure emblématique de ces années 60/70 pas démocratiques du tout. 

A l'époque déjà, des pénuries de denrées essentielles à la population étaient  parfaitement orchestrées et ponctuaient la vie sociale du pays. Les vannes étaient sous contrôle : quand il y avait pression, on laissait filer un peu de vapeur puis on refermait sec. A l'époque le régime légitimait sa maltraitance des citoyens par la victoire contre la France, aujourd'hui par sa victoire contre le terrorisme. 

Ô tempora etc ...

Les événements tunisiens sont d'une tout autre nature. Ils sont relayés par la société civile et les organisations professionnelles comme les avocats. Il s'agit d'un mouvement revendicatif profond qui demande de la liberté d'expression, une pratique démocratique accrue et ouverte et une politique ambitieuse pour la jeunesse du pays. 

Rien d'inaccessible et d'impossible pour ce pays qui est reconnu pour être un exemple d'ouverture et de tolérance. Ce pays est resté un îlot de tranquillité et de stabilité dans cette région il n' y a qu'à voir ses chiffres du tourisme. Ses élites sont nombreuses et son passé apaisé. Sa grande force est qu'il ne détient pas ressources naturelles,  vecteur de convoitise et de violences. 

La Tunisie a beaucoup plus de moyens pour faire face à ses défis que ses malheureux voisins.

6 commentaires:

  1. Effectivement, les situations dans les deux pays ne sont pas comparables. Après, il faut relativiser la "liberté politique" en Algérie. Toutes manifestations ou rassemblements sont interdits depuis 2001 et le pays vit sous la règle de l'état d'urgence depuis 18 ans.

    D'un point de vue social, les deux pays connaissent par ailleurs des évolutions divergentes. L'organisation des Nations Unis pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) considère que la consommation de viande et de poisson et un indicateur de développement et de qualité alimentaire. Cette consommation était par personne et par an en 1990 de 29,54 kg en Algérie, de 31,94 kg au Maroc, 34,05 kg en Tunisie et 30,14 kg en Egypte. Quinze en plus tard, en 2005, la consommation n'avait pas bougé en Algérie, mais était passé à 38,45 kg au Maroc, 45,20 kg en Tunisie et 42,57 kg en Egypte. L'un des premiers facteurs qui rend donc difficilement comparable les deux situations, c'est que l'Algérie d'un point de vue social vient de perdre pratiquement deux décennies contrairement aux autres états du sud de la Méditerranéee.

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  3. Didier, je t'avais déjà prévenu que j'étais du genre binaire. :)

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  4. David, information qui me conforte dans l'idée que la Tunisie est mieux armée pour affronter ses défis.

    Pour ce qui est de la liberté politique en Algérie, je ne crois pas qu'elle existe vraiment et je le dis dans mon billet. Je pense que le défi est davantage d'ordre politique en Tunisie qu'il ne l'est chez son voisin car la demande est plus forte.

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  5. Je vois ça. Mais c'est toujours bien de vérifier par soi-même…

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  6. Il est temps de livrer le même combat en France, car nos politiques sont eux aussi effrayés par la facilité que la technologie nous donne pour nous exprimer. Alors ils font de plus en plus de loi pour nous épier (Hadopi) nous surveiller et pour bloquer notre accès à internet sur des sites qui ne leur conviendrait pas (Lopsi) sous prétexte de lutter contre la pédopornographie (ce que j'approuve)!

    «Les procureurs de l’espace public numérique, ajoute-t-il, ne parlent jamais pour eux, mais pour les autres. Eux savent, contrôlent, trient la bonne et la mauvaise information, ne sont dupes de rien. Mais, autour d’eux, les gens sont naïfs, sectaires, versatiles et impudiques. Ce paternalisme est de moins en moins tolérable dans des sociétés qui s’individualisent en prescrivant la responsabilité, l’autonomie et la diversité. Internet est un instrument de lutte contre l’infantilisation des citoyens dans un régime qui est censé leur confier le pouvoir.» (Dominique Cardon)

    Allez lire cette article très intéressant sur un futur possible de la démocratie et les peurs de nos dirigeants de se retrouver au chômage : http://owni.fr/2011/01/10/en-defense-dinternet-et-de-wikileaks-3-la-revolution-numerique/

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