lundi 14 février 2011

Tous à Abu Dhabi !

La France aime bien en ce moment les émirs du golfe avec leurs milliards de rente pétrolière. C'est normal me direz-vous avec un président qui aime les grosses bagouzes en jonc massif et le luxe tapageur. Par contre ce qui est nouveau pour ce petit émirat et également pour notre petit émir à nous, c'est le nouvel intérêt que l'un et l'autre semblent accorder à l'art et la culture. (méchanceté tout à fait gratuite de l'auteur)

En effet, depuis 2007 est né le projet de créer une succursale du Louvre dans les déserts arabiques. J'ai déjà eu l'occasion d'en parler lors de la dernière exposition de G.Courbet à Paris. Un an auparavant, l'idée de construire au même endroit une grande université sous-licence Paris-Sorbonne avait germé, ce qui a donné l'occasion à F.Fillon d'aller en inaugurer les nouveaux locaux ces derniers jours.

Pendant que son maître et ses copains de l'UMP font dans la politique-franco-française et dénoncent à coups de dérapages verbaux "le choc des civilisations" et la difficulté du dialogue entre les cultures musulmanes et occidentales,  François prend de la hauteur et assure aux Cheiks qu'ils ne sont en aucun cas concernés par le sujet. Il est vrai que la valeur du partenaire se jauge au nombre de zéros qu'il est prêt à inscrire sur le chèque et qu'un arabe pauvre n'est qu'un arabe.

Tiens d'ailleurs, à propos : François a fait une curieuse déclaration à propos du raïs récemment déchu par son peuple :

"c'est aux Egyptiens qu'il revient d'apprécier l'action d'Hosni Moubarak et la trace qu'il laissera dans l'histoire de son pays, mais personne ne pourra contester la contribution qu'il a apportée à la cause de la paix dans la région".

Fillon n'a pas parlé de la contribution de 60 milliards de dollars qu'a fait le peuple égyptien à Hosni.  Mais, passons...

Certes aller caresser le Cheikh dans le sens du compte en banque ne dispense pas de rester vigilant . Car bien que débonnaire, il n'en reste pas moins féroce en affaires. 

Naturellement, il est impensable que ce déferlement culturel ne se fasse pas dans le respect des coutumes du pays d'accueil. La preuve en est que les filières lettres et sciences humaines n'ont pas vraiment la côte dans le nouveau Sorbonne. Pas mieux du côté du Louvre où seules les œuvres "compatibles" seront accrochées. Même les militaires n'échappent pas à la règle et l'état a dû batailler ferme pour que les autorités locales ne fassent pas appliquer la Charia à l'intérieur de la toute nouvelle base française.  

Les femmes Afghanes apprécieront la nuance.

Même l'industrie du cinéma hollywoodien tente de s'acclimater aux dures conditions du désert : le dernier Sex and the City, le film,  fait l'éloge de l'Émirat mais a tourné la majorité des scènes ... au Maroc  !

"Cachez ce sein que je ne saurais voir" faisait dire J.Baptiste Poquelin à son Tartuffe. 

Comme l'exécutif français peine à vendre les Rafale de l'ami Dassault : la France a autorisé l'augmentation des trafics aériens avec Abu Dhabi et a ouvert la possibilité à des compagnies aériennes du golfe d'avoir des vols supplémentaires à Paris et en Province, et ce au détriment d'Air France.

Toujours à la pointe de la lutte contre le chômage et la désindustrialisation !

La France regarde désormais vers l'Est et plus précisément, vers les Émirats. Elle a commencé par y exporter les produits de l'industrie du luxe. Voilà qu'elle se met à filialiser des concepts prestigieux et chargés de sens et d'histoire comme "Sorbonne" "Louvre" et les fourgue comme de vulgaires sacs en croco.

A quand le nouveau "Palais de l'Élysée" des sables ainsi que "Le Moulin Rouge" des oasis ?

4 commentaires:

  1. Peut-être qu'après tout (mais j'exagère peut-être grossièrement, encore que) n'est-ce plus que des "concepts prestigieux", auquel cas nous ne perdrions pas grand-chose, finalement...

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  2. Si, car comme l'avoue de président de la Sorbonne, cela n'amènerait que des grosses sommes d'argent à l'institution qui en deviendrait dépendante. L'état s'empressera de se désengager et l'Université deviendra privatisée et aux mains d'actionnaires pas trop francs du collier, voire même assez rétrogrades et obscurantistes. Pareil pour le Louvre.

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  3. Je comprends de plus en plus l'attrait de ce gouvernement pour les monarchies du Golfe. C'est bâti sur du vent et du sable, c'est un genre de continuité.

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  4. Pow, du vent du sable et beaucoup de pognon.

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