Guéant Lajoie

Pour le ministère de l'intérieur, rien n'est trop beau pour aguicher l'électorat de la fille à son papa Jean Marie. Il continue hors micros à gratter le fond de la cuve à vinasse électorale en posant toutes sortes d'embûches administratives aux jeunes diplômés des grandes écoles françaises, mêmes munis d'une promesse d'embauche par un grand groupe industriel, et ce juste sous prétexte qu'ils s'appellent Samira, Mamadou ou bien Rajiv.

Ces brillants diplômés étrangers non ressortissants de l'UE doivent multiplier les démarches, déjà éreintantes et humiliantes à souhait pour transformer leur autorisation d'étudier en permission de travail. Faut dire que n'importe quelle agente de préfecture -pour peu qu'elle soit aigrie car sa coiffeuse lui a raté sa coloration blond cendré ou que Brian son dernier, a cassé l'écran plat 150 pouces, en colère parce qu'il a raté son  premier niveau de Lord of War - peut leur signifier d'aller se torcher avec leur diplôme de major de promotion à HEC, et dans leur pays s'il vous plaît, si d'aventure les délais impossibles qui leur sont dorénavant imposés ne leur convenaient pas.

Pourtant, notre futur ex-président n'a cessé de nous seriner en début de mandat le concept d'immigration choisie, de sélection des talents de tous horizons et origines. Lorsqu'il était encore pris par sa fièvre droit-de l'hommiste,  il n'avait de cesse de promettre un accueil des plus chaleureux et intéressé à  l'élite migratoire  mondiale pour faire de notre pays, un pôle d'attraction et d'innovation. Las. Rama Yade s'est envolée depuis, tout comme les belles paroles.

Finalement, mon beauf à moustache avec sa carte du FN a été bien plus fort que tous les présidents d'universités, de grandes écoles et entreprises privées réunis.

Cette discrimination ne s'exerce cependant pas uniquement sur les étrangers. Certains jeunes issus de l'immigration avaient également eu droit aux égards d'un programme américain qui existe depuis 60 ans et qui a pour mission d'identifier 4000 jeunes comme les futures élites de leur pays. Naturellement, lorsque dans les années passées, de jeunes patronymes prometteurs tels que Giscard d'Estaing, Jospin, Fabius et autres Sarkozy, Fillon et NKM avaient été repérés en leurs temps, cela n'avait jamais posé de problèmes à quiconque. 

Aujourd'hui dès que cette mission de visiteurs internationaux recense des Aminatou et des Soufiane dans les cités, elle est regardée avec suspicion et accusée de venir draguer dans les banlieues pour instrumentaliser  la jeunesse. Toute la bienpensance française parfume l'affaire avec des relents de doute et de manipulation forcément.

En France la droite et la gauche chochotte les appelle les minorités visibles. En rhétorique, on dit que cette figure est une antiphrase. La réalité est que cette minorité doit être invisible, elle doit disparaître complètement du paysage. On la voudrait exclue des médias, de la représentation populaire, de la haute administration, de l'éducation, du logement, de l'emploi, des loisirs. On la voudrait pauvre et indigente corvéable et sans droits. Juste violente et outil de propagande.

Aucun doute, mon beauf continuera encore longtemps à écrire les pages les plus glorieuses de la politique française.