dimanche 27 mars 2011

La génération poker.

Le poker est devenu la nouvelle mode chez les 25-35 ans. Un soir assez tard, j'ai zappé sur une chaîne qui montrait un tournoi de ce jeu de cartes et il faut dire que je suis resté assez perplexe devant le spectacle. D'abord, il faut admettre qu'au niveau de la production, ils y mettent les moyens, jugez plutôt : ambiance feutrée, harmonie de couleurs et musique de fond. Ils vous mettent dans un environnement visuel proche des séries américaines à la mode (enquêtes policières à Miami) . 

Les jeunes joueurs se fabriquent "une tronche" comme on dit dans le cinéma. Ils s'efforcent de se donner une contenance soit derrière des lunettes noires soit derrière un visage qu'ils croient vierge de toute expression (ce qui n'est pas tout à fait faux, comme semblait me le dire la tête de veau posée sur l'étal de mon boucher hier matin) . Bref, ils jouent aux cadors, aux affranchis, à ceux à qui on ne la fait pas. Les mises avaient l'air assez substantielles et ont poussé  le prof vacataire smicard que je suis à se poser des questions du genre : putain, mais comment avec ces tronches d'anciens échecs scolaires  ils trouvent tout ce pognon ?

La réponse ne tarde pas à m'apparaître de façon fulgurante : le fait d'avoir du pognon  n'a rien avoir avoir ton niveau d'études. Regarde autour de toi, regarde les hommes politiques (pas ceux-là, ceux qui ont réussi) regarde les hommes d'affairesles chanteurs, les footballeurs. Mais passons.

Les prémices de cette mode commençaient à m'apparaître subrepticement et par petits flashes. D'abord par les films de joueurs. Ces héros mi-escrocs mais portant beau, costume sombre, chemise ouverte sans cravate, barbe de trois jours et gueule de bois de même durée. Le personnage type à qui tous les trentenaires célibataires de l'hexagone affublés tendrement d' un prénom américain par une mère oisive aimant les feux de l'amour et les séries à 1044 épisodes, voudraient s'identifier. Seulement eux sont célibataires sans le choisir vraiment, ils ne sont pas New-yorkais malgré un patronyme trompeur et en lieu et place de casino de luxe, ils n'ont que le petit PC avec connexion ADSL sur le petit bureau conforama dans leur F2 pour vivre leur fantasme en jouant en ligne pour le plus grand bonheur des copains du président qui se sont partagés le gâteau des jeux d'argent sur internet. 

Et les yeux pour pleurer.

Puis ensuite il y eut les chanteurs à minettes qui font l'éloge du poker dans leurs vidéo-clips où l'on voit une bande de copains d'enfance faire la tournée des grands ducs "cigarette, whisky et petites pépées". La belle vie quoi ! Puis l'explosion arriva avec les chaînes cablées, la TNT et surtout Nicolas S. C'est dans la mouvance Blingbling que la tendance se confirme ( tous les sociologues de gauche vous le diront ) argent facile, montres couteuses, nanas de luxe, yachts, weekend de rêve dans les palais royaux, avions privés...comment avec tout ça voulez-vous que la machine à rêve ne se mette pas en branle ?

Un type qui voulait faire gagner plus en travaillant plus a mis des paquets de gens au chômage. Il voulait mettre la valeur travail au cœur de la société, il exonère les frais de succession et gave les héritiers et libéralise sauvagement les jeux en ligne,  la boucle est bouclée. Il fournit à ses copains milliardaires le droit de faire entrer des bandits manchots dans les foyers des chômeurs qu'il a fabriqué et qui voulant s'en sortir, tentent leur chance au jeu. Fatalement perdants, ils se mettent en colère et ne trouvent plus de Nutella dans la cuisine.

Note de l'auteur : ce billet n'est nullement stigmatisant envers une partie de la population française. De plus j'ai rien personnellement contre la tête de veau.

Je réponds au tag de l'ami Coucou sur une chaîne improbable lancée par Nicolas et certainement inspirée par le diable lui-même.  A savoir comment je me sens dans mon blog et en suis-je satisfait. Oui car je ne vois pas comment je pourrais vous faire partager mes profondes réflexions sans cette page ni comment à l'allumage de ma bécane chaque matin, la première chose que je lis c'est ma blogroll (bien avant les mails et les news). Je sais que je ne remercie pas assez les personnes qui passent ici mais sachez que vos intrusions dans mon espace ainsi que tous les links que vous y faites sont grandement appréciés.

10 commentaires:

  1. C'est moi qui suis à l'origine du truc, mais sans avoir voulu lancer de chaîne. En fait, au départ, c'était plutôt une manière d'auto-moquerie mais Nicolas a fait dévier l'affaire…

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  2. Didier, oui je sais ! D'ailleurs tout comme tu viens ici, moi aussi il m'arrive d'aller voir chez toi mais j'attends d'avoir le ventre vide car le vomi commence à s'incruster sur mon écran.

    Nicolas, on dirait que c'est déjà fait :)

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  3. Belle démonstration de la dérive ultra-libérale de la société, et de son système d'attrape-mouches, d'attrape-couillons où d'appât à cons frimeurs.
    Ca commence au PMU, puis ça devient branchouille quand ça devient poker.
    ca date de quelques bonnes années déjà, même l'impression qu'une génération s'y est absolument engouffrée (avant d'en redescendre aussi sec ?)
    Serait-ce celle qui a voté Sarko en 2007 ?
    A tous les coups.

    (je me suis intéressé à la chose, regardant des "tournois" (déjà pour essayer de comprendre) avec des mises pas possibles, et des tronches à la James Dean se cherchant un air de déambulation nocturne sur Sunset Boulevard. La coke en guise de p'tit déj pour débuter une carnassière journée)

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  4. MHPA, tout à fait d'accord : mon beauf devient branchouille, il a troqué le PMU-demi-Valstar contre poker-glennfiddich-12 years.

    Le monde est formidable !

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  5. Ça va bien au genre de beauté des années Sarkozy, ces jeux en ligne. Remarque, la montée en puissance du loto, beaucoup plus ancienne n'était pas mal non plus! Ajoutons la place ahurissante accordée au sport, et nous avons une décadence à la romaine en route —pas tout à fait, quand même : il y a le jeu, le pain laisse à désirer.

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  6. Ce président aura œuvré pour le bien-être de ses concitoyens dans tous les domaines, souhaitons que l'histoire ne sera pas ingrate avec lui.

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  7. Bah .... Tout ça je crois qu'on l'a voulu (ou cherché) d'une certaine manière.

    On a aimé les années fric dans les années 80 (ou du moins on s'en est accommodé), les années 80 c'était les années Dallas.

    Quant à la mondialisation, on devait bien se douter qu'en ouvrant les frontières ....

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  8. Elmone, les années fric dans les années 80 ne concernaient pas les citoyens mais désignent la classe politique qui se vautrait dans le mélange des genres au vu de tous. Les citoyens n'ont vraiment vu les années fric qu'à la télé.

    Il faudrait arrêter de trouver des excuses aux cons !

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  9. Bah ... Rappelle toi les fameux "claubs d'investissement" qu'on trouvait partout, même à la fac.

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