En ces temps où la moitié des français devient épidémiologiste et l'autre infectiologue, nous ne pouvons nous empêcher d'aller à la caricature du "village gaulois retranché" consistant en une recette de boustifaille à chaque fin d'émission médicale sur la radio ou à la télé comme un banquet final où nous serions hautement fiers et satisfaits d'être ce que nous sommes. Mais passons outre cette part d'exotisme et cette fraîcheur dilettante qui fait notre charme légendaire.
Je crains que cette épidémie ne creuse encore davantage le fossé entre la gauche (gogoche et vrauche) et le populo moyen et les prolétaires. Déjà, qu'ils se sont presque tous mis au vote à l'extrême droite, et il est à redouter (par la gauche) que les derniers résistants ne se mettent à voter pour une droite au prochain scrutin présidentiel.
Car admettons le franchement : ceux à qui réussit le plus ce confinement c'est bien la moyenne bourgeoisie instruite et bobo de gauche.
Je m'explique.
Le télétravail par exemple, souvent il ne peut être pratiqué par les emplois sous-payés, érigés stupidement et souvent dans le mépris insidieux en héros. Une grosse cohorte aussi d'employés ubérisés et d'auto-machins. La transhumance vers les résidences secondaires et la fuite chez papa/maman à la campagne ne sont possibles que pour la première catégorie. Habitant à la campagne (Provence) moi-même, je connais des tas d'exemples de bobos des villes rapatriés dans cette nature sublime en attendant la fin. Les enfants et l'école à distance : pareil. L'éducation nationale perd des bataillons de gamins déjà naturellement fragilisés, encore plus pendant la fermeture des écoles, les parents incapables de gérer le moindre cours... occupés à bosser, à se bourrer la gueule ou à se mettre des coups de latte dans la tronche. Et cerise sur le gâteau, devinez qui seront les premiers à revenir en classe ? Les premiers punis ? Les gamins en réseau d'éducation prioritaire. Les enfants de riches pourront aller en vacances avec la bénédiction des syndicats de profs.
Qui voudrait que tout cela cesse au plus vite ? Les mal logés, les mal payés, les indépendants, les ubérisés, les petits boulots, les petites mains. Ceux qui voient leur compte en banque se vider à grande vitesse et ne peuvent compter sur la générosité de l'état. Il est à noter que les syndicats les plus à gauche renâclent devant les décisions de reprise du travail dans les secteurs industriels, BTP, éducation nationale et autres fonctionnaires. On les comprend volontiers, la lutte des classes ouvrières prend un tournant sanitaire qu'il faut investir d'urgence. On s'accroche comme on peut.
Quant aux médecins, ils voudraient naturellement voir des hôpitaux sans aucun malade, nous savoir enfermés pour qu'on puisse mourir en bonne santé. On s'excuse pour le dérangement messieurs, dames !
J'ai la chance de pouvoir télétravailler et aussi la chance de pouvoir (à peu près) suivre l'éducation de mes enfants à distance mais il faut reconnaitre que ça ne doit pas être évident pour pas mal de monde.
RépondreSupprimerles choses ne sont prêtes de s'arranger pour ces gens.
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