Dans un souci compréhensible de vouloir relativiser les mauvais chiffres de la délinquance annoncées bien malgré lui par l'ami tout rose à la télé, le présentateur du journal de France deux proposait l'autre soir un reportage exclusif sur la " vérité sur la hausse des vols avec violence ".
Le reportage suggérait que si le multi-récidiviste de la place Beauvau présentait des statistiques aussi lamentables dans cette catégorie c'est à cause des clauses d'assurance abusives des opérateurs téléphoniques.
En effet, l'opérateur ne proposerait de rembourser le smartphone volé que si la plainte pour vol est assortie d'agression, par conséquent, les plaintes pour agression augmentent et la victime dans tout ça, c'est bien Brice et non les malhonnêtes gugusses qui se sont fait chouraver leur Iphone.
Ensuite, pour faire bien professionnel, une journaliste (intérimaire) de France deux entre en caméra cachée dans plusieurs officines de téléphonie mobile pour montrer que certains employés indélicats conseillaient clairement à leurs clients la botte secrète. La chaîne n'explique pas comment la journaliste avait amené la discussion sur le sujet avec les vendeurs.
L'honnêteté et la partialité de ce reportage vient à point nommé pour soutenir une profession qui vit une période cruelle de doutes. En effet, les charges viennent de tous côtés :
Des juges qui n'ont plus aucun respect de l'uniforme et qui se mettent à condamner des policiers pour des broutilles. Une cour européenne de droits de l'hommistes qui se met à condamner la France pour avoir le meilleur indicateur de la réussite des services de police. Le monde entier qui vient contester notre expertise historique et internationale dans le maintien de l'ordre et pour finir, notre valeureux ministre de l'intérieur est lâchement harcelé par la justice pour quelques bonnes blagues.
Faute de soutien, l'intérieur sait qu'il pourra toujours compter sur le service public et son objectivité légendaire pour toutes les affaires qui le concernent en tant qu'actionnaire .
"Surveiller et punir" (leitmotiv de la droite), avec une caméra c'est vachement mieux, non ?
RépondreSupprimerEt pour en rajouter une couche voila qu'un certain député du Tarn, M Carayon propose une nouvelle proposition de loi sur « la protection des informations économiques ».
RépondreSupprimerEn effet, les peines existantes pour l’abus de confiance, la violation du secret professionnel ou l’intrusion dans un système informatique ne suffisent plus. Enfin selon lui en tout cas.
Ayant déjà consacré plusieurs rapports à ce soi-disant problème, et à tenter d'introduire un amendement sur les renseignements économiques dans le tristement célèbre projet Lopsi. Il préside un groupe de réflexion(Fondation Prometheus) financé en autre par Alstom, EADS, Dassault, Thales ou Sanofi-Aventis.
Son idée au combien géniale est de punir « l’atteinte au secret d’une information à caractère économique protégée » : trois ans de prison et 375 000 euros d’amende, le double si le responsable de la fuite a agi « dans l’intention de nuire » à l’entreprise ou s’il en a tiré « un profit personnel ».
Le gouvernement n'est pas en reste non plus,car il travaille sur un label « confidentiel entreprise », sur le modèle du « confidentiel Défense » protégeant les secrets d’État.
On peut donc se demander quels seront les informations qui mériteront une telle confidentialité (à part les brevets, mais cela est déjà prévu par la loi)?
Voilà la réponse de M Carayon : "Sont qualifiées d’informations à caractère économique protégées, les informations ne constituant pas des connaissances générales librement accessibles par le public, ayant, directement ou indirectement, une valeur économique pour l’entreprise, et pour la protection desquelles leur détenteur légitime a mis en œuvre des mesures substantielles conformes aux lois et usages, en vue de les tenir secrètes."
On en déduit que cela concerne aussi bien le secret industriel que les fuites à la presse ou sur internet.
Autre problème, qui décidera des informations à protéger. Toujours selon notre cher député : "Ce n’est pas à l’Etat de dire “le carnet d’adresses du directeur général ou les méthodes informatiques du directeur de la sécurité des systèmes d’information doivent être protégés”, c’est à l’entreprise de définir elle-même son référentiel de sécurité […]. Si on fait l’inverse, la réalité très vite déborderait le droit […]. Le juge sera libre de considérer ou non que l’information était inutilement dans le périmètre de sécurité."
Et voila, les mots sont lachés. On peut donc très bien imaginer une affaire Médiator bis dans le futur ou le groupe Servier pourrait utiliser un tel dispositif juridique pour empêcher ou sanctionner les fuites sur le Mediator. Le groupe Servier qui a également financer la Fondation Prometheus.
Heureusement M Carayon a trouvé la réponse : "Ne peut pas être considéré comme susceptible de bénéficier d’une protection par la loi le classement confidentiel d’une information entraînant la responsabilité pénale d’une entreprise : on ne peut pas se protéger par la loi d’une illégalité."
Moi, je trouve que l'on passe de plus en plus de temps à tout faire pour nous empêcher d'avoir l'accès librement à l'information, et cela sans que l'ensemble de la population ne s'affole.
Notre pays est train de devenir comme la Tunisie du temps de Ben Ali.
A quand notre révolution du Jasmin?
@captainhaka : je n'ai pas de tableau noir, désolé, mais mes commentaires on tendances à être de plus en plus long, voir engagé, car j'ai de plus en plus peur pour notre pays, et pour l'instant je ne vois personne à droite comme à gauche prêt à nous rendre les libertés que l'on nous supprime...
MHPA, oui et maintenant on ne dit plus caméra de surveillance, on doit dire caméra de protection.
RépondreSupprimerChat, je crois que tu es mûr pour nous lancer un blog. Je serai parmi les premiers à te lire car ce que tu dénonces est important et doit être mis à la disposition des autres. Sous forme de commentaire dans mon blog, ça n'aura malheureusement pas de lecteurs. Cela dit, tes interventions sont les bienvenues. Merci.
Je remercie le capitaine pour ses encouragements.
RépondreSupprimerJe pense à un blog depuis quelques temps en effet, mais j'ai peur que mon domaine de compétences qui se limite au numérique et à l'informatique repousse plus d'une personne...
Bon, je vais quand même y réfléchir...