Nul ne pouvait voir les coulisses où l'enchanteur pouvait se grimer et porter les artifices destinés à accaparer le public. Une fois prêt, il pût s'insérer dans le cortège joyeusement coloré pour fêter l'équinoxe, prétexte à sa propre intronisation. C'était lui, le roi du défilé. Les fous, les nains, les danseuses et les ménestrels tournaient en farandoles grimaçantes. Une fanfare annonçait bruyamment l'arrivée du mage. En tête, les instruments les plus tonitruants et percussifs : tambours et trompettes. Le peuple en prenait plein les yeux, plein les tympans.
Le magicien est doué. Il déploie son art devant une assistance médusée à laquelle il avait préalablement confisqué l'ouïe, la vue et tout entendement. La poudre vole et scintille, les jongleurs et les acrobates sautent, cabriolent. Les danseuses frétillent et chaloupent pendant que les complices du mage font les poches au spectateurs hébétés.
Une fois passé, le cortège laisse derrière lui une rue jonchée de papier gras qui avaient emballé les promesses d'un festin huileux, et une foule nauséeuse. Le vacarme s'éloignant, chacun retrouve ses esprits, s'inquiète en se palpant les fouilles avant de baisser la tête résigné car, c'est l'heure de reprendre le travail. Finalement, il ne leur reste pas grand-chose en poche, ils n'avaient perdu que très peu. D'ailleurs comment peut-on voler des pauvres, se demandent-ils ?
De toutes les façons, ceux qui survivront pourront toujours assister au défilé de l'année prochaine.
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