Lorsque la candidate des écologistes avait déclaré souhaiter tourner la page des défilés militaires l'été dernier, elle avait été vertement critiquée par la droite et n'avait pas trop trouvé de soutiens à gauche non plus. Personnellement, j'ai soutenu l'idée avec les arguments que j'avais développés à cette époque, et j'ai exprimé mon admiration pour le courage dont a fait preuve cette dame en remettant en question une institution aussi influente et aussi prégnante dans l'esprit français.
L'idée d'un changement profond dans les pratiques républicaines et des mentalités me séduit d'autant plus que l'offre politique qui est proposée en ces temps de crise est faible et sans objectifs.
Les gouvernements européens sautent les uns après les autres, et quand ils ont un peu de chance, les citoyens peuvent plus ou moins choisir de voter l'alternance comme en Espagne ou en Grèce et bientôt en France. Mais soyons clairs : est-ce que cette alternative constitue un réel basculement à long terme et se traduira t-elle dans les actes au bénéfice des populations ? Clairement non. Les droites comme les gauches institutionnelles n'ont pas de réponse claire sur le sujet. Chacun se limitant dans son propre périmètre idéologique à accompagner le mouvement.
Au pire, les premiers ministres sont choisis dans le vivier de la finance, pragmatiques et techniciens, ils n'ont cure de politique et de démocratie et choisissent leur collaborateurs en fonction de l'intensité des pressions qu'ils subissent. La belle affaire!
Eva Joly est candidate au même titre que les autres et a clairement exprimé son désaccord avec Hollande . Il avait été question d'un accord durement négocié avec le PS vers une sortie du nucléaire entre les deux partis. Elle a dénoncé les pressions subies par les socialistes, qui ont fini par céder lamentablement -oui disons le- aux imprécations imbéciles de la droite et à un lobbying forcené d'Areva et ont caviardé une partie du texte. Elle n''a pas caché sa déception car elle n'a pas la rondeur politique traditionnelle et a simplement dénoncé l'irruption d'intérêts financiers dans un débat politique démocratique. Elle a mis le doigt là où le PS a le plus mal : aux bonnes vieilles pratiques qui ont fait qu'il n'a plus gagné une élection présidentielle depuis trente ans.
D'ailleurs, Mitterrand avait, lors de sa campagne face à Giscard, promis qu'il mettrait en œuvre la diversification des sources d'énergie, il promettait ne pas mettre tout les œufs dans le même panier. Une fois élu, pas un mot sur le sujet lors du premier discours de politique générale de Mauroy. Le premier François avait au moins attendu d'être élu pour oublier sa promesse et céder aux nucléopontes ... c'est un moindre mal.
Il y a des propositions discordantes qui fusent parfois dans le monde lisse et bien rond de la politique mais ces voix se retrouvent vite étouffées par le couvercle oppressant des conservatismes. Nous passons la majorité de notre temps à fustiger ces comportements rétrogrades qui mènent à toutes les compromissions et à tous les renoncements. Cette république bananière des copains et des intérêts entre-mêlés qui ont abouti à cette perfection ultime : le sarkozisme. Rejeton naturel de l'affairisme et des petits arrangements. Nous critiquons ce système qui organise l'impunité au plus haut niveau mais nous sommes incapables de le couper à la racine.
L'ancienne petite juge qui a fait trembler le petit monde feutré de l'affairisme qui pue le pétrole et son fric corrupteur, s'est attirée les foudres des planqués de Neuilly jusqu'au quolibets racistes lorsqu'elle a prononcé le mot armée, arme et industrie de l'armement, seconde mamelle nourricière des forces de l'argent. Aujourd'hui avec cette affaire de nucléaire, la boucle est bouclée. Troisième sujet tabou, c'en est trop ! Il faut flinguer, mépriser, ridiculiser, irrésponsabiliser ...bisounoursiser !
Le président défendait hier encore son obstination grotesque en ressortant une fois encore le squelette de De Gaulle pour nous montrer sa vision de l'avenir et celle de son camp. Je n'ai pas connu De Gaulle... mes enfants n'ont pas même connu Mitterrand et alors ? On continue comme avant ? On garde les mêmes idées, les mêmes principes et on les applique 50, 60 ans après ? On met le couvercle sur tout ce qu'on abhorre et on avale juste parce que ce n'est pas payant éléctoralement, pas habituel, pas faisable, pas compréhensible, pas imaginable ?
Parfois, il faut des gens pour bousculer et réveiller les consciences. Dire qu'il faut casser les traditions et les habitudes lorsqu'elles sont mauvaises. Briser ce cycle qui se repaît de lui même et qui laisse la majorité en dehors du cercle. Joly ne sera peut-être pas élue présidente, mais elle aura eu le mérite de mettre les projecteurs sur un malaise profond dans notre société : sa paralysie et sa classe politique mijaurée.
Je reste pour ma part un doux rêveur peut-être, mais en tous cas je crois fermement que la politique doit nous faire rêver, nous proposer du nouveau et nous faire avancer dans une perspective à long terme. Oui nous voulons tous que cette bande de beaufs à gourmettes s'en aille, mais je n'aimerais pas qu'elle revienne dans 5 ans ou 10 ans avec toujours les mêmes idées, les mêmes principes et les mêmes paroles.
Ah, non. La Curée, c'est Zola.
RépondreSupprimerMerveilleux billet, Captain, avec lequel je suis grandement d'accord.
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RépondreSupprimermtislav, j'aurais mieux fait de titrer l'hallali.
RépondreSupprimerA aucun moment je n'ai pensé au rapprochement avec Noboléon III. D'ailleurs, portait-il des gourmettes ?
MHPA, merci
Bembelly, même chose...:)
Ahhh, joli billet...
RépondreSupprimerMon bulletin de vote est déjà prêt !
Marco, lequel ?
RépondreSupprimerEva !
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