Jimmy n’avait envie d’en parler à personne. Il était submergé par sa décision et ne pouvait même pas la partager. Pourtant Jimmy n’était pas socialement isolé : cadre, il jouissait d’une réputation de professionnel auprès de ses collègues. Il sortait souvent et toujours bien entouré. Il y avait les nombreux amis et puis, il y avait Victor...
Jimmy savait que la boîte l’enverrait lui, pour négocier, en Asie du sud-est, la construction de la nouvelle usine de composants et il profiterait ainsi de quelques jours supplémentaires de liberté pour réaliser ce dont il avait toujours rêvé. Tout était programmé d’avance.
Tout était programmé d’avance depuis longtemps et son corps avait lentement commencé le processus, depuis l’adolescence – comme si un corps pouvait avoir une conscience – accompagnant la métamorphose que subissait son être. Jimmy était sûr que le changement graduel de son apparence n’arriverait pas à son terme naturellement, que le temps « officiel » n’ y suffirait pas. Il avait conscience que même pour un trentenaire au top de sa forme, la fenêtre-temporelle serait trop brève pour le laisser réaliser pleinement ses rêves et ses désirs. Il y avait urgence.
Jimmy le ferait sans prévenir Victor, c’est décidé. Il souriait intérieurement en s’imaginant la tête qu’il fera ce soir. Il riait de la confusion qu’il allait créer. S’amusait des premiers moments de stupeur. La surprise de son entourage. Certes, l’assurance de l’affection que lui portaient ses proches le rendait confiant et pour les autres, il verra, ce sera un test. Une nouvelle vie peut-être, un nouveau départ certainement. Victor lui avait avoué un jour son attirance pour l’autre bord : parfois il aimait aussi les filles. L’alchimie est complexe et le geste risqué. Mais tant pis, Jimmy était gagné par cette évidence et elle dépassait toute autre considération, il prendrait le risque. C’est chose faite.
Il sourit en sortant du taxi qui l’amenait de l’aéroport. Il le déposa à quelques mètres seulement de l’immeuble où habite Victor. Il sourit car le chauffeur l’avait aidé à sortir sa valise en lui souhaitant : «Bonne soirée mademoiselle».
Ce texte fait suite à un jeu littéraire lancé par Madame Kévin pour le blog à mille mains. Photo de R. Lubanski.
Jouer avec les mots et les identités : ce texte le fait à merveille. Il est mis en ligne sur le blog "Jeux d'écritures. Le blog à mille mains" et sera cité dans un billet récapitulatif le 30 mars sur le blog "Madame Kévin". Merci pour cette belle participation.
RépondreSupprimerHélas, hélas, deux de mes textes ayant été mis en ligne par les animatrices, puis retirés, aucun de mes commentaires ne passant plus le barrage de la modération, je crains que le Blog à 1000 mains ne soit pas tout à fait ce grand rassemblement communautaire d’auteurs et de texte dont on pourrait se féliciter, mais un endroit où des textes et des auteurs peuvent être censurés sans qu’on use de la plus élémentaire des politesses, consistant à les en informer ni qu’on connaisse les raisons de cette censure. Les détails sur mon blog.
RépondreSupprimerJimidi
Le commentateur aigri et venimeux qui signe JIMIDI est tout simplement en train d'inonder le web, depuis ce matin, avec le message dont tu as un spécimen ci-dessous, sous prétexte d'informer (??) les autres auteurs du Jeu à 1000 mains de sa mésaventure. Il veut surtout porter le discrédit sur les responsables du jeu. Il m’accuse aussi d’être l’instigatrice de cette triste histoire.
RépondreSupprimerA la fin de la journée, il aura distribué ce même message sur les blogs de tous les auteurs qui ont participé aux jeux. Le mieux est de n’y prêter aucune attention et j'espère bien te retrouver sur les 1000 mains en juin pour une nouvelle aventure d’écriture.
Bon dimanche
Lise
http://lise2cc.wordpress.com