Curieuse cette nouvelle contagion qui sévit dans les quartiers abandonnés par la République.
Les cités dites à risques sont livrées à tous les excès, tous les trafics et toutes les bavures. Elles commencent à devenir les zones où se règlent tous les conflits : un sorte de Beyrouth dans lequel les différentes factions ont décidé d'en découdre. Un terrain vague.
Tout comme pendant la guerre du Liban, les médias sont là pour compter les points et les victimes, chiffrer l'avancée de tel ou tel camp. Evaluer les forces en place et fabriquer de l'opinion.
En France, on a l'habitude de voir monter subitement la température dans les cités quelques mois avant les présidentielles. Le reste du temps, on ne veut même pas en entendre parler jusqu'à interdire aux agents du ministère de l'intérieur de communiquer sur le nombre de voitures incendiées durant la nuit de la saint Sylvestre : on y passe tous les cinq ans juste pour admirer le bouquet final.
Plus l'échéance se rapproche, plus on verra fleurir les faits divers, les bavures policières et leur réponses incendiaires. Ils constitueront enfin le point sur lequel se cristallisera cette campagne électorale, tout comme les précédentes : on ne change pas une équipe qui gagne et la droite ne remerciera jamais assez les délinquants des cités et leurs corollaires de la BAC.
Les autres sujets du débat politique seront épuisés, lorsque les camps politiques auront tiré toutes leurs cartouches de coups bas, de petites phrases et de dossiers sensibles. Ils se retrouveront groin contre groin, les yeux larmoyants et la bave aux commissures à une sorte de match-point, une extrémité, un paroxysme d'impuissance à terrasser l'autre.
C'est à ce moment là que le sempiternel arbitre de ces combats entrera en scène et imposera ses règles du jeu en même temps que la nature des débats.
Ainsi donc, un curieuse épidémie hivernale de crises cardiaques s'est abattue dans les cités sur des auvergnats entrain de se faire arrêter par les forces de l'ordre. On croyait que la consigne consistait seulement à donner un inoffensif coup de Karcher dans les halls des cités interdites, finalement voilà qu'on se retrouve avec des morts et des velléités de riposte.
Aucun doute, les naïfs qui croient encore que cette campagne se fera sur les idées, les grosses affaires louches, l'économie et le pouvoir d'achat, la pauvreté et l'emploi ou je ne sais quel autre faribole importante dans la vie des français, se trompent lourdement : tout se jouera sur l'insécurité et la violence ... encore une fois.
Je ne sais pas vraiment sur quoi se jouera la campagne. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'aujourd'hui, quand je suis allée bosser, les mômes dont je m'occupe avaient les yeux cernés. Pourquoi? Parce que toute la nuit, les hélicos ont vrombi dans la nuit au dessus des quartiers d'Aulnay où ils habitent. Et ce, à cause des départs de feu allumés par "les jeunes des cités en colère". Ils ont le droit d'être en colère, j'admets. Mais ce que j'admets moins, c'est qu'à chaque fois qu'ils le sont, ils font crépiter les flammes. Les gosses dorment mal. Les parents en ont marre. Tout le monde a plus ou moins la trouille. Et ensuite, on s'étonne qu'ils virent réacs.
RépondreSupprimerAlors je ne sais pas au juste quel est le jeu des politiques là-dedans. Je ne sais pas s'ils entretiennent savamment cette situation de quasi guerre civile juste pour pouvoir mieux se crêper le chignon le moment venu, ou si simplement, ils s'en foutent..
Droite ou gauche confondue, tout cela leur est définitivement étranger.
Io, droite ou gauche confondue n'ont pas la moindre idée de la vie des gens dans les cités sensibles. Ils n'y vont que la veille d'élections et n'y ont jamais habité. Ils laissent pourrir les situations et laissent libre cours à la haine des deux côtés. C'est tellement plus utile ainsi.
RépondreSupprimerEt quand une femme comme Morano en sort (toutes proportions gardées), elle se fait le chantre de Sarko.
RépondreSupprimerPareil il fut un temps pour Dati.
Que faut-il en conclure ?
Elles, elles ont une idée de ce qu'est la vie en cité ...
solveig, les cités dans les années soixante devaient être un peu différentes, mais l'exemple Morano est effet assez parlant. N'empêche que ceux qui en sortent, apparemment craignent d'y revenir.
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