Entre zobby et lobby, y a qu'un pas.

Il est maintenant de notoriété publique, pour ceux qui lisent autre chose que Voici et Grazia, que les grands groupes industriels ont la main mise sur les parlements européens autant que nationaux. Ces braves philanthropes vont jusqu'à faciliter le travail de nos législateurs en leur fournissant des rapports clés en main, parfaitement rédigés et allant dans le sens souhaité. Ce qui permettra à l'élu du peuple de présenter amendements et projets de lois sans bourse délier, tout en continuant à labourer avec ses Berlutti, la bonne terre de son fief électoral. Cette démarche présente l'unique et louable avantage de ne rien couter au citoyen-contribuable.

Cela s'appelle faire du lobbying.

Mais il se trouve parfois que des dispositions très grossières provoquent l'émoi chez l'élu (de mon coeur) et soulèvent un tollé chez certains représentants de l'opposition qui ont oublié de faire la sieste ce jour-là. Alors pour calmer les récalcitrants, on promet donc une commission du genre comité d'éthique et de prévention des risques etc...
Les longs travaux de ces dites commissions, aboutit invariablement à la remise officielle d'un lourd rapport très intéressant et très bien documenté, maintenant sous forme de clé USB (quel progrès quand même), au ministre concerné (vaguement au courant de ce machin inscrit sur son agenda) qui sourit quand même devant les caméras. Au revoir mesdames, au revoir messieurs . Ni vu ni connu, oh la belle bleue !

La suite vous la connaissez tous. Les services de communication de Matignon (autrement dit, les publicitaires) vous concoctent à coups de millions d'euros une campagne de prévention radio et télé estampillée du sigle ronflant République Française .

Tout y passe : campagne de prévention contre les douleurs articulaires, campagnes vantant le programme de relance économique (interdit de rire!) , campagne faisant l'éloge de la réforme des retraites (idem) et d'autres trucs encore plus cocasses. Mais j'aimerais surtout m'arrêter un peu sur deux sujets pour illustrer mon propos : la campagne mangerbouger.fr et jeuresponsable.fr .

En ce qui concerne le premier truc, fortement sponsorisé par les filières sucrières et agroalimentaires, il a été démarré depuis quelques années déjà par des programmes genre fraich'attitude dans les collèges pour encourager les gosses à manger des pommes (pleines de pesticides) plutôt que de sa baffrer de barres céréales (pleines de sucres et de gras) . Bon. L'aboutissement de tout cela, et c'est là qu'il faut admirer le travail d'orfèvre, c'est les messages en bandeaux qui défilent en bas des spots de pub, genre trucs que personne ne lit à tort car c'est là où il est clairement dit que l'organisme qui te prêtera des sous sur simple coup de fil, finira par t'enc ... pardon, t'entremettre férocement en te faisant payer tes tripes pendant 72 mois consécutifs , à moins que tu n'aies Maître Metzner comme avocat. Mais je m'égare. Donc, pendant les dessins animés, les pubs qui te vendent de la merde tarifée t'indiquent que tu pourras dorénavant aller sur le site mangerbouger. fr où on te dira qu'il faut manger cinq fruits et cinq légumes par jour si tu ne veux pas devenir obèse comme le type que tu croise dans le miroir tous les jours.

Le deuxième truc édifiant et bien plus récent, c'est la libéralisation du pari en ligne par l'équipe de winners qui nous gouvernent. Un bien beau gâteau celui-là. Comme précédemment, pour se donner bonne conscience et balayer les critiques, on te recommande dans chaque spot de pub, d'aller taper jeuresponsable.fr. Un site qui te met en garde sur les dangers du jeu en ligne et les problèmes d'addiction et de marginalisation. Ils pourraient y ajouter : risque que ta femme et tes enfants te quittent, ton banquier t'interdis de chéquier et de carte, d'être arrêté pour violences conjugales, d'alcoolisme, de prise fréquente de tranquillisants et de drogues, de dépression nerveuse et de perte définitive de ton emploi. Tout ça pour se la jouer pro du poker et frimer devant bobonne. N'est pas Patrick Bruel qui veut ! Non mais !

Heureusement pour nous qu'il y a ces messages de prévention. Réjouissons nous de constater que nos enfants et nous-mêmes, ne sommes pas livrés aveuglement à la cupidité de certains industriels. On veille sur nous.