Chaque année, le président de la république en fonction doit aller au comice agricole pour se faire huer, siffler, jeter des œufs. Bref c'est l'exercice d'humiliation imposée par je ne sais quelle tradition et qui semble bien contenter la société car elle fait causer dans les chaumières, donner à ironiser aux esprits chagrins, fait tourner l'éditorialiste sur les plateaux télé et refait bander l'opposition.
L'élu ainsi martyrisé devra continuer son chemin de croix dans les travées puant la merde de bétail, l'anus de volaille et le jus de cochon et subir les quolibets et les insultes. Passer par le rituel de l'explication virile entre quat-zieux avec l'abruti du jour et finir en avalant, sous les yeux menaçants des producteurs, toute la boustifaille et le pinard qu'ils lui proposent.
Cette année on a eu droit au même cirque avec en sus cette phrase slogan du groupuscule Génération Identitaire "on est chez nous" maintes fois entendue naguère dans les meetings de ce qu'on appelait le Front National. Le gugusse en question est venu au devant du président pour lui cracher au visage le malaise paysan vu et corrigé par une fédération de ploucs célébres qui réclame l'usage de pesticides, les subsides européens, le massacre de loups, moins de normes, pas d'importations, plus d'exportations (faut être débile !) , moins de charges, la baisse du prix du gasoil et une sosie de Marion Maréchal pour chaque paysan célibataire ou un Kendji pour les pébronnes esseulées.
Le monde agricole est en crise et lorsqu'on voit qui est à sa tête, on comprend vite pourquoi.
J'espère qu'un président ou une présidente viendra un jour briser cette fatalité pitoyable. Quelqu'un qui aura le cran de nous épargner ce spectacle affligeant de voir le leader d'une puissance mondiale aller volontairement se faire insulter et houspiller par des abrutis manipulés par la FNSEA.