Chaque année, à peu près la même période, on a droit à la sempiternelle question sur la rémunération des grands patrons. Ça permet, en ces temps de volonté de diluer les clivages, à chacun d'être dans son rôle et de jouer sa partition avant le festival de Cannes et Roland-Garros.
La gauche va éructer et pas trouver ça normal au regard des miettes de piaf que le capitalisme abandonne au prolétariat méritant. La droite va trouver ça normal, même qu'il gagne deux fois moins que Mbappé, dont les usines à lui, ne produisent pas de belles Dacia pour emmener les mômes au camping. Les journalistes vont monter ça en épingle pour créer du contenu, faire du débat et se donner une petite conscience populo.
Et demain tout le monde sera repu et content. L'histoire sera rangée dans son petit tiroir en attendant la prochaine réunion des actionnaires.
En réalité, le véritable problème vient du télescopage temporel entre l'annonce de Tavarès et celle de Lemaire avec les mauvais résultats économiques de la France. Une concordance des temps mal venue. L'un nous annonce qu'il va mettre ses couilles au frais cet été et l'autre qu'il va raboter le budget des chômeurs et des souffreteux de longue durée. On vit une époque formidable !
Gouverner c'est prévoir comme le disait Benito à Adolf l'autre soir, au dîner chez Joseph.
Alors quitte à faire de la politique à papy avec le plus jeune premier ministre jamais nommé à Matignon, il faudra faire un peu attention au calendrier pour éviter ces légères déconvenues. On pourrait s'éviter ces débats empoisonnés et continuer à rêver de gagner un an de Tavarès voire un mois de Mbappé en grattant un ticket de loterie.