Ouais quoi ! Après des vacances interminables placées sous le signe de l'inaction, il serait temps pour que ce gouvernement d'incapables se mette au boulot bordel !
Ces bras cassés infoutus de réagir au moindre fait divers pour en faire des lois! Ces branquignols incapables de sauver, ne serait-ce qu'une seule fois, l'Europe et le monde de la catastrophe. Ces gauchistes angéliques paralysés à l'idée d'apparaître tous les jours à la télé pour menacer, promettre, tancer, faire du vélo, bouger la tête, remuer les épaules, faire un jogging sur des petites jambes torses, sortir des vannes pourries et faire taire Morano. Ces laxistes qui font rien pour garder le premier milliardaire venu.
Moi je dis ça suffit comme ça ! Halte !
Il est temps de se sortir les doigts du cul et de mettre les mains à la pâte (et sans transition) Cela ne pouvait plus durer ! On en pouvait plus d'attendre ... Hourrah :
C'est la foire aux vins !
Hey, what did you expect ? Comme le rote si bien dans sa pub, la salace Uma, entre deux gorgées de boisson gazeuse !
Enfin, nous pourrons aller remplir nos caddies (de plus en plus gigantesques, avez-vous remarqué?) dans les plus beaux rayons de nos hypermarchés hautement tarifés (dont les allées sont de plus en plus larges, avez-vous remarqué ?). Vous avez noté comme moi que le rayon vin est dorénavant l'objet de toutes les attentions dans ces endroits généralement standardisés et tout de néon vêtus. L'endroit est calme, contrairement au reste du bouclard, à croire que les tauliers y ont enlevé les haut-parleurs qui partout ailleurs crachent leurs pubs hurlantes entrecoupées par des plages de chansons à texte de Patrick Fiori et les ululements supersoniques de Lara Fabian uniquement pour que le chaland puisse réfléchir tranquillement son choix entre les étiquettes proposées. Ce qui nous amène à la conclusion parfois hâtive que le consommateur ( de plus en plus gros, avez-vous remarqué ?) est capable de discernement lorsqu'il évolue dans son élément naturel. Tout y est donc feutré : couleurs sombres et sol en faux parquet, rayonnages en bois et lumières tamisées.
Et la cerise sur le gâteau c'est la présence d'Emile (dit mimile la tisane) qui, du haut de ses moustaches et de son bide gigantesque enveloppé avec peine et replis dans un tablier bordeaux taillé directement dans un parachute ascensionnel, vient vous voir en souriant de tous ses noirs chicots pour vous proposer de goûter un gorgeon de Côtes ... à 8h45 du matin et que même pour lui c'est pas un problème puisque son petit déjeuner date d'hier, alors pensez-donc !
C'est aussi l'époque bénie pour les magazines hebdomadaires généralistes qui oscillent dorénavant entre : Immobilier en Ile de France c'est le moment d'acheter, ou bien d'ordre plus vénal : L'or c'est le moment d'acheter! et les questions idéologico-musculaires du moment : Hollande t-il la carrure de Sarkozy ? Pour occuper leurs stagiaires et varier les Unes en développant la problématique cruciale du moment : Foire aux vins : c'est le moment d'acheter !
Ne comptez pas sur moi pour vous resservir le couplet habituel sur la guerre permanente que se livrent les gardiens des
traditions et des terroirs, les entrepreneurs agricoles qui créent de l'emploi dans nos campagnes et les zélateurs des questions d'identité nationale liées au taux de couperose en province ; et les intégristes bornés de la modération qui nient farouchement que 6 % des accidents de la route et 1% des drames familiaux sont uniquement dus à la consommation de cannabis. Tellement que c'est un vrai fléau je vous dis !
Moi, vous me connaissez, il suffit d'une phrase entendue dans les médias pour me donner envie de vous écrire une bafouille supplémentaire. J'entendais un greluchon (ben ouais quoi, y a pas que des greluches) affirmer avec tout ce qu'il y a de parfaitement et avec force conviction que le vin est devenu une sorte de valeur refuge en période de crise. Il expliquait fort doctement que beaucoup d'acheteurs faisaient le plein dans les supermarchés pour spéculer et se faire une bonne plus-value à court terme en acquérant des douzaines de boutanches de bons petits vins achetés à vil prix, pour les revendre deux ou trois ans plus tard beaucoup plus cher.
Ah la crise ! Avant on encourageait mamie à mettre ses éconocroques dans la pierre, parce que y a que ça qui dure chère madame. Puis vinrent les maquignons de l'or qui vous rachètent tout l'or qui, soi-disant, traine dans vos tiroirs ou dans la bouche de votre grande tante Gilberta au prix du marché, garanti et vu à la télé monsieur! Maintenant, il faudrait investir dans le pinard !
Au moins, comme dirait l'autre, en cas de chute des cours, on aura toujours la possibilité de se bourrer la gueule à la santé des marchés.
Allez ... santé à tous !