Bon, c'est reparti pour quelques mois d'agitation politique et médiatique en France.
On replonge dans le cycle infernal des grands débats où l'on évoque pêle-mêle tous les problèmes auxquels on n'arrive pas à trouver de solutions depuis trois ou quatre décennies.
Alors ça s'agite, ça s'excite. Ça cherche des raisons, du bouc-émissaire et des coupables. Les avis fusent, les opinions s'affirment et chacun durcit sa position.
Cette nervosité s'explique par l'approche d'échéances électorales et c'est toujours le même manège : on ressort les Roms, l'immigration, marche des beurs, intégration et on mélange ça à la crise, le chômage, l'identité nationale, l'islam et le communautarisme.
J'entendais un type dire à la radio à juste titre que bien que le gouvernement soit attendu sur les bons résultats économiques et sur le chômage, il n'en demeure pas moins que l'opinion publique en général tend vers un choix politique, un parti qui de fait ne propose absolument aucune solution sur ces questions voire qui n'en parle même pas ! Avouez qu'il y a de quoi se la tortiller et la mettre dans une boîte de cotillons !
C'est la première preuve que tout se joue sur une impression générale, un sentiment. Ceux qui gagnent seront ceux qui sauront jouer sur ce sentiment, le diriger et l'exacerber par la réitération et l'usage immodéré du bon sens et des formules à l'emporte pièce bien plus porteuses et plus esthétiques.
Cet situation bloque la société, la fige dans cet instant qui n'en finit plus. Elle embourbe les esprits et les initiatives car à trop poser de questions, on ne trouve plus de temps pour y répondre ... regardez bien comment se déroulent les débats entre les politiques à la télé et vous comprendrez.
Le fait que ces périodes électorales soient un bienfait pour la démocratie et pour la participation citoyenne est indéniable, mais une fois qu'on a dit ça, il ne reste plus rien ... enfin rien à part un beau crêpage de chignons qui finit par un enculage de mouches collectif.
Si les conséquences de cette agitation électorale ont tant d'impact sur notre société c'est pour montrer à quel point un mandat électoral en France est impérieux et vital pour la plupart. Les candidats déploient une énergie telle que notre vie quotidienne s'en trouve bousculée dans sa routine bienfaisante et pacifiante. Le monde doit cesser de tourner rond. L'élu devient une belle au bois dormant (avec souvent du poil sous les bras) qui attend le baiser du Prince pour se réveiller et pour que la vie reprenne son cours !
En France un mandat populaire est non pas envisagé comme un travail à responsabilité et à durée limitée, mais plutôt comme une situation de rente résultant de la prise d'un fief autour duquel de hauts remparts seront bâtis. Une place en or avec indemnités et situation de pouvoir et de décision. Une chefferie qui nécessite d'innombrables brigades de fayots qui ne reculent devant rien.
Oui, l'élu est féroce ! Clientélisme et électoralisme riment avec populisme : vote catégoriel, vote communautaire ... le jeu en vaut la chandelle.
Le jour où certaines baronnies seront débarrassées de l'engeance qui les vérole et qui les corrompt, le jour où on cessera de faire d'une minable petite place de conseiller général un enjeu national capable de paralyser l’énergie d'un pays entier, le jour où l'on arrêtera de jouer avec le sentiment général au risque de mettre en péril la société et son équilibre dans sa globalité, ce jour-là les élections en France se dérouleront comme dans tout pays occidental civilisé et démocratique.
L'apaisement et le sérieux viendrait à la faveur d'un regroupement des suffrages dans le temps, voire d'une réduction drastique des mandats, donc de postes électifs à prendre.
Mais on peut toujours rêver.