Nous, blogueurs et
blogueuses, et avant cela citoyens et citoyennes, tenons à jour sur le
web des chroniques, incluant du texte, des photos, des vidéos, de la
musique. Ils sont le fruit de nos réflexions ou de nos humeurs, à propos
de l’actualité politique ou culturelle, sociale ou sportive, ou dans
des secteurs plus spécialisés tels que l’histoire ou la cuisine, la
photographie ou les nouvelles technologies… Nous produisons un contenu
dont nous sommes les auteurs, chacun et chacune à son propre rythme,
selon ses propres centres d’intérêts ou ses compétences, chacun et
chacune avec son expérience personnelle, sa sensibilité. En un mot,
nous tenons des blogs.
Des hommes et des blogs
Chacun de nos
billets de blogs est l’occasion de susciter des avis, des commentaires,
des questions, des discussions, à l’occasion du débat. En un mot, de
l’interaction. Les internautes qui « nous rendent visite » sont parfois
blogueurs eux-mêmes. En commentant « chez nous », ils nous permettent de
découvrir leurs propres blogs et ainsi d’étendre notre réseau, nos
liens : ce que nous nommons la blogosphère. Avec le temps, parce que
derrière chaque blog il y a un homme ou une femme, sa réalité, des
affinités se nouent, des rencontres ont lieu, des sourires sont
échangés. La supposée virtualité a alors fusionné avec le réel.
Telle est notre
vision du réseau social qu’est la blogosphère. Elle est tout sauf
fermée, froide et aseptisée. Elle est au contraire ouverte sur la vie,
bouillonnante, source d’autant d’amitiés durables que d’irréductibles
inimitiés, et l’on peut même de temps à autre s’y faire insulter
copieusement. Elle est tout simplement le meilleur et le pire de ce que
sont les gens, de ce que nous sommes. Elle est vivante.
Des blogs et des liens
La société Wikio
avait en son temps joué un rôle important dans l’émergence de cette
communauté de blogs, et donc de blogueurs et de blogueuses. Wikio
assurait la promotion des blogs, leur apportait un surcroît de
visibilité, et eux-mêmes le lui rendaient bien. Et puis la petite
société est devenue plus grande, elle s’appelle aujourd’hui Ebuzzing et a
de nouvelles ambitions.
Dans un premier
temps, Ebuzzing a choisi de préserver l’outil qui avait fait la
popularité de Wikio auprès des blogueurs, ses classements des blogs, se
contentant d’adapter ceux-ci aux évolutions majeures d’Internet,
l’émergence de Twitter par exemple.
Basés sur les liens
entre blogs, divisés en catégories – politique, sport, technologies,
société, etc… -, ces classements permettaient dans une certaine mesure
d’apprécier le poids de chaque blog dans la blogosphère, l’étendue du
réseau de chacun, pas nécessairement son audience. C’était intéressant
ou amusant, pertinent ou farfelu, utile ou inconséquent, les avis
étaient partagés. Chacun d’entre nous savait cependant y retrouver une
photographie plus ou moins déformée de la communauté ou des communautés
que nous formons.
Des blogs sans blogueurs
Mais récemment,
l’outil est devenu tout autre chose. Des blogs institutionnels, des
blogs de personnalités dont les médias traditionnels font la notoriété,
ont été intégrés à la liste des blogs. Pis encore, des agrégateurs de
liens et de contenus, des sites semi-professionnels, ont soudainement
rejoints les bases de données d’Ebuzzing, y compris des sites
d’extrême-droite qui usent à grande échelle de méthodes plus que
suspectes pour gagner en notoriété – démultiplication de pseudos,
retweets automatiques en masse, commentaires copiés-collés de manière
industrielle, etc…
Les uns ne sont pas des blogueurs, les autres ne sont pas des blogs. Autant considérer comme des blogs Atlantico et le Huffington Post, les sites du Figaro et de Libération. Et pourquoi pas les pages Google News ?
De fait, les
classements de « blogs » d’Ebuzzing ne nous parlent plus de la
blogosphère, ne sont plus en « lien » avec elle et de qui nous y est
commun, ce qui nous fait vibrer, fait sens et nous motive. Plus grave,
il apparaît évident que tout ceci, cette définition nouvelle de la
blogosphère que voudrait imposer une société de droit privé, nous
englobant dans tout autre chose que ce que nous sommes, vise à nous
étouffer, à faire taire notre spécificité : celle d’une parole libre
venue d’un endroit d’où il n’est pas habituel qu’on parvienne à
l’entendre, la parole des citoyens. Car la blogosphère n’est que cela,
la caisse de résonance des citoyens et de leur diversité – diversité
d’opinions et de centres d’intérêts, diversité sociale et
professionnelle. La blogosphère, finalement, c’est le média de ceux qui
n’en ont pas.
La blogosphère se rebiffe
Le choix fait par
Ebuzzing est un choix politique. Nous en sommes d’autant plus convaincus
que Pierre Chappaz, son patron, est aussi un des fers de lance du
mouvement des « pigeons », un homme qui s’affiche sans ambiguïté en tant
que libéral – ce qui ne nous pose aucun problème en soi – et qui,
tenant lui-même un blog, a choisi de le faire figurer dans les
classements établis par sa propre entreprise selon des algorithmes qu’il
est seul à connaître, prenant de facto le risque du conflit d’intérêt,
donc du soupçon.
Considérant que
Pierre Chappaz devenait en cette affaire juge et partie, nous le
laissons seul juge de ses choix et décidons de partir, afin de ne pas
cautionner plus longtemps une conception de la blogosphère qui ne repose
plus sur aucune réalité.
Nous, blogueurs et
blogueuses, 1er, 10ème, 100ème ou dernier des classements actuels, avons
décidé de ne plus en être et avons exigé de Wikio-Ebuzzing la
suppression de nos blogs de ses listes. Parce que nous ne saurions nous
retrouver à servir les intérêts commerciaux d’une société et les
nouvelles ambitions politiques de son patron. Parce que nous refusons
que la blogosphère, dont nous sommes à la fois le cœur et les poumons,
puisse ce faisant se trouver assimilée à – et finalement dissoute dans –
quelque chose de plus vaste et qui ne lui ressemble pas, et d’où les
blogs ne sauraient plus être visibles et les blogueurs se faire
entendre.
La présente tribune est collective.
S’y associent, pour l'instant, les blogueurs suivants et leurs blogs :
- A perdre la raison, @melclalex
- Le chiffonnier dans le jardin, @MarieEngagee
- Chez El Camino, @elc95
- Le blog de corinne morel darleux, @cmoreldarleux
- Chez l’vieux, @yannsavidan
- Partageons mon avis, @jegoun
- Les coulisses de Juan, @sarkofrance
- Les échos de la gauchosphère, @JesuisCethomme
- Lyonnitude, @romainblachier
- Les chroniques de Juan, @sarkofrance
- Bah !? by CC, @cycee
- Reservus, @bembelly
- Blog de David Burlot, @davidburlot
- Affichage libre, @elooooody
- Le cri du peuple, @cridupeuple
- Le blog de Captainhaka, @captainhaka
- Rimbus le blog, @rimbus
- Mon Mulhouse, @ericcitoyen
- Trublyonne, @trublyonne
- Saint-Pierre-des-Corps, c’est où ça ?, @dadavidov
- Le blog de Louis Lepioufle, @louislep
- La Renovitude, @nico_LdT
- Les bas-fonds de Juan, @sarkofrance
- Chez dedalus, @zededalus
- Et ma main dans la gueule ?, @elc95
- Pudding dans l’arsenic, @mehdiyanis
- La femme de George, @mrsclooney
- Ce que je pense, @bembelly
- Au comptoir de la comète, @jegoun
- Les photos de chez El Camino, @elc95
- Partageons nos agapes, @jegoun
- De tout de rien sur tout de rien d’ailleurs, @detoutderien
- Le p’tit cagibi de GdeC, @JesuisCethomme
- Mon mulhouse bio, @ericcitoyen
- Partageons l’addiction, @jegoun
- Alter-Oueb, @alteroueb
- RéflexionPolitique.net, @gillessauliere
- Le coin politique de dedalus, @zededalus
- Dadavidov homepage, @dadavidov
- Woof it, @O_bi_Wan
- Vu zou Lu là, @dadavidov
- Ça sent le vomi, @JesuisCethomme
- Partageux @partageux
- Les Témoins du temps présent, @lino83
- A gauche pour de vrai, @sydne93
- Le jour et la nuit, @JeandelaXR
- Voie militante, @voiemilitante
- Regarder le ciel, @regarerleciel
Si
vous partagez notre vision de la blogosphère, merci de signaler dans
les commentaires que vous souhaitez associer votre blog à cette tribune,
en précisant éventuellement le lien du billet dans lequel vous y faites
référence.
Merci.