Il en est du phénomène du voile islamique comme de certains sujets piégeux : lorsqu'on en parle, il est déjà trop tard.
Le voile dit islamique a été imposé, parfois par la force, dans les pays musulmans depuis l'arrivée de Khomeini au pouvoir en Iran et l'avènement de la république islamique. C'est un étendard idéologique et politique qui a réussi l'exploit de franchir la frontière imposée dans la bagarre millénaire entre chiites et sunnites, c'est dire.
Les femmes en terre d'islam se sont débrouillées comme elles pouvaient contre cette nouvelle oppression dont elles ont été l'objet depuis 1979 et résistent selon leurs moyens et la capacité d'endurance de leur sociétés.
En France et pays hors dominance islamique, le voile est arrivé et s'impose massivement dans les communautés musulmanes vivant regroupées, fermées en mini-sociétés dont les pratiques sont fortement calquées sur les pays et cultures d'origine. Lorsque le voile sort dans l'espace public général, il devient symbole : il porte des revendications, des demandes, des aménagements, une obligation à se prononcer pour ou contre, des droits nouveaux, une considération différenciée, une opinion politique et sociale. C'est une façon de mener de nouvelles conquêtes en dehors des bastions habituels.
Les nouvelles générations de Français sont nées avec ce phénomène et ont du mal à le replacer dans le contexte historique d'origine, et souvent ne saisissent pas vraiment l'ampleur de l'enjeu. Ils trouvent normal et du ressort de la liberté d'expression de voir de plus en plus de femmes couvertes.
Pire encore, les idiots utiles de l'islamisme, trouvent dans le sujet un moyen d'exister en prônant pour l'extrême-droite une attitude sans concession, brutale et à la limite de l'insulte. De son côté, la gauche donneuse de leçons monte au créneau volontiers et troque son anticléricalisme originel contre une forme de soutien complice. Même la majorité, supposée centriste bon-teint, se laisse arnaquer intellectuellement par des individus parfois dangereux, dont le seul but est capter l'attention et tétaniser la société pour l'embourber dans des sujets inutiles et toxiques.
Le sujet mérite mieux que ça.