60 millions de commentateurs

Après 60 millions d'amis, 60 millions de sélectionneurs de football, 60 millions d'experts en économie, 60 millions de fins gastronomes, voici une nouvelle ère qui s'ouvre en France : 60 millions d'analystes politiques.

Comme le dit si justement mon enrobé camarade blogueur : la moitié des sites d'information font leur Une de politique nationale sur des sondages.

J'ajouterais : sur des sondages maison qu'ils ont pris un soin particulier à rédiger dans un sens qui leur permet une fois sur deux d'obtenir des réponses propices au vent du moment et à leur intention éditoriale.

Juan pose la question : Hollande impopulaire et alors ? Comparant cette nouvelle manie sondagière à une prise de température d'une personne en fin de vie.

Mes deux confrères pointent implicitement le manque d'arguments de l'opposition pour faire vivre une confrontation  réellement politique dans le sens noble du terme, confrontation d'idées et de projets sur la base de données concrètes et de bilans sincères. Normal par conséquent que la plupart de médias se perdent dans ce néant politique qui ne leur laisse que les os populaciers à ronger et les yeux pour pleurer. Cet empêchement à la réflexion est davantage d'ordre culturel à droite et nous confirme son peu d'envie et d'engouement pour la chose démocratique.

La base de la démocratie est l'acceptation honnête et sans réserve de l'alternance politique. Et le moins qu'on puisse dire est qu'à droite, la croyance en l'autorité et le mythe du chef a encore de beaux jours devant elle.  La droite reste figée dans les principes dépassés du pater familias qui règne et qui régit. Elle est sûre de son droit séculaire et inaliénable sur ses fiefs et sa population jusqu'à finir par croire que le suffrage ne saurait être qu'un moyen  pour justifier son emprise et un élément supplémentaire qui renforcerait son patrimoine.  D'ailleurs dans un accès involontaire et fulgurant de sincérité, le chef de l'UMP avait même avoué que son camp "apprenait encore la démocratie" bel aveu !

Lorsque la droite aura fait sa révolution intellectuelle elle fera de l'opposition apaisée et sérieuse. De l'opposition pragmatique qui n'aura pour unique objectif que la réussite du pays. Elle cessera peut-être de s'arrimer aux mouvements anti-républicains et réactionnaires, d'agiter la rumeur, l'invective et la politique du harcèlement permanent.

La droite est dans son droit de critiquer l'action du gouvernement lorsqu'elle ne va pas dans le sens de l'intérêt commun mais doit respecter les institutions et le suffrage. Nous avons été élus pour 5 ans et sommes d'accord pour une évaluation à la fin du quinquennat pas avant. Nous n'avons aucune leçon à recevoir de ceux qui n'ont toujours pas fait le leur.

D'autre part, le gouvernement gagnerait à faire plus de battage médiatique sur les multiples réformes qu'il fait voter et montrer l'avantage et les bénéfices qu'elles offrent aux citoyens. Davantage de présence pour dénoncer l'inutilité et la vacuité des programmes des forces rétrogrades qui tentent  un hold-up sur l'opinion publique  et le danger que représentent certains activistes d'extrême droite. Il faudrait surtout que la gauche montre plus de solidarité même si les choses ne vont pas aussi vite qu'on le souhaite.