Sécheresse : retour des vaches carnivores.

La sécheresse en France n'aura pas pour unique conséquence l'arrêt de quelques centrales nucléaires qui nous obligeront à retourner à l'âge de pierre (dixit futur papa 1er) mais aussi des difficultés pour les agriculteurs et les éleveurs .

Les premiers pourront équilibrer les pertes occasionnées par cette mauvaise récolte par la hausse des prix des matières premières ainsi que par les subsides versés par l'Europe prévus à cet effet. Les éleveurs faute de foin, devront envoyer leur bétail plus tôt à l'abattoir en attendant l'autorisation de nourrir leurs bêtes avec de la poudre provenant des carcasses d'animaux morts.

Les fabricants de nourriture protéinées pour le bétail sautent sur cette sécheresse en or qui leur tombe du ciel (façon de parler) pour refaire parler d'eux puisqu'il est question de réintroduire les farines animales dans la nourriture des bêtes. Il aura fallu attendre 10 ans pour que l'opinion publique oublie le scandale effroyable de la maladie de la vache folle qui non seulement avait décimé les troupeaux mais qui continuera pendant des décennies encore à provoquer chez l'homme la maladie de Creutzfeldt-JaKob due à une infection au prion.

L'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine, qui a eu lieu en Grande-Bretagne ... est due sans aucun doute à la consommation par les vaches de farine de moutons atteints de scrapie. La scrapie, dont le synonyme est la tremblante du mouton, est une variété ovine d'encéphalopathie spongiforme subaiguë.

La France voudrait autoriser la remise sur le marché des farines animales car:   

" À l'issue de leurs travaux menés depuis octobre 2010 sous mandat du ministère de l'Agriculture, soixante membres du Conseil national de l'alimentation (agriculteurs, industriels, distributeurs...) ont confronté leurs expertises sanitaires, industrielles, économiques et agricoles, confirmant "une situation sanitaire désormais maîtrisée" et "une absence de risques pour la santé humaine". Ils relèvent toutefois "un avantage économique variable, voire incertain, selon les secteurs".

Vous avez dit scandale sanitaire ?  Quel scandale sanitaire ? Le principe de précaution ? Qué zaco ?  On vous dit que les choses sont sous contrôle ! Enfin c'est les experts qui le disent. Experts qui seront sûrement indépendants jusqu'au jour où on découvrira par hasard qu'une partie d'entre-eux avaient émargé chez une multinationale de l'agroalimentaire et que le doute sur un  conflit d'intérêts s'installe ... mais pas pour longtemps puisque une commission ad-hoc pour l'éthique viendra nous dire ensuite que circulez y a rien à voir .

Le télescopage des événements est fabuleux et ne fait pas peur au monde féerique de l'agroalimentaire. Pendant que l'Europe toute entière angoisse à la simple vue d'un concombre pour cause de bactérie mutante qui résiste à tout antibiotique, on nous ressort les farines animales. 

Tout bon biologiste en première année de fac vous dira qu'à force de bourrer les végétaux de phytosanitaires puissants, la nature sera toujours plus forte et laissera se développer des versions résistantes contre lesquelles parfois rien n'est prévu .  Pour les bêtes en élevage intensif  c'est pareil : à force de promiscuité, l'apport d'antibiotiques de plus en plus puissants est conseillé pour éviter la mortalité en masse. Résultat, les pathologies deviennent plus résistantes et finissent parfois par franchir la barrière des espèces. 

Bien qu'une majorité des français soit défavorable à l'agriculture et l'élevage intensifs, bien que  de nombreux scientifiques attestent du lien entre ce mode de production et le nombre croissant de cancers, nous demeurons en France les champions du monde des utilisateurs de pesticides et grands amateurs d'élevages intensifs. Et je ne parle même pas des marées de chiasse verte en Bretagne !

Pour comprendre cette exception française, il faut savoir que le monde est petit et  le poids politique de la FNSEA et de l'agroalimentaire est grand au sein de la droite française (nomination C. Jacob à la tête du groupe UMP à l'assemblée).  Mais tout va bien tant qu'ils nous assurent que "le risque sanitaire est maîtrisé pour la santé de l'homme".

C'est bizarre non ?

On n'arrête ni les progrès ni les bons profits ...ni la connerie .